Mutations lexicales dans le domaine de la biologie

Face à une science qui va de découvertes en avancées, non seulement le vocabulaire peut manquer, mais émerge aussi un besoin de clarifier les concepts, notamment afin de faciliter la communication entre chercheurs et en direction du grand public. Ainsi, les experts en biologie se sont ici penchés sur certaines notions dont l’appellation ne posait pas de difficulté en français, mais qu’il convenait de définir. Découvrez le vocabulaire publié par la Commission d’enrichissement de la langue française au Journal officiel du 27 juillet 2023.

 

Dans le cadre de cette liste, la Commission a fait œuvre non seulement de terminologie, mais aussi de pédagogie en éclairant des notions centrales en biologie, de l’épigénétique à la reconnaissance du soi.

Au-delà de la génétique

La Commission s’est intéressée à une série de termes relatifs à l’épigénétique, pas tant pour ces dénominations en elles-mêmes que dans le but de définir et éclairer les concepts d’une science en pleine évolution.

L’épigénétique (epigenetics en anglais) étudie les changements phénotypiques héritables qui ne sont pas associés à des changements de la séquence du génome. Elle traite par exemple de l’effet de marques (ou marqueurs) épigénétiques sur l’expression des gènes.

Pour désigner les mutations qui s’opèrent dans le cadre de l’épigénétique, les experts proposent le mot-valise épimutation, proche de l’anglais epimutation, mais qui n’est pas encore en usage en français (on pourra dire aussi mutation épigénétique).

 

De nouveaux apports en protéines...

Trois types de protéine reçoivent également une appellation officielle et une définition :

- l’innexine (innexin, Inx), une protéine transmembranaire des invertébrés, que l’on peut comparer aux connexines des vertébrés sur le plan fonctionnel.

- la desmine, protéine fibreuse constitutive des filaments intermédiaires des cellules musculaires des animaux. Chez l’être humain, de nombreuses mutations du gène de la desmine sont en jeu dans certaines myopathies et cardiopathies.

- la protéine de liaison avec les molécules odorantes ou PLMO (odorant-binding protein, OBP) impliquée dans le processus olfactif des vertébrés et de certains invertébrés.

 

Deux concepts centraux en biologie moléculaire et immunologie

Lorsqu’il s’est agi de trouver un équivalent au designer receptor exclusively activated by designer drugs, généralement désigné en français par l’acronyme anglais DREADD, les experts ont retenu le terme récepteur artificiel activé par ligand de synthèse, la notion de designer receptors évoquant, étymologiquement, des récepteurs créés à dessein. Ces RALS (abréviation aisément substituable à l’acronyme anglais) permettent de contrôler l’activité cellulaire, notamment neuronale.

Enfin, la Commission entérine une notion essentielle en immunologie : la reconnaissance du soi (self and nonself discrimination) qui, chez les vertébrés, permet à chaque organisme de distinguer ce qui lui est propre de ce qui lui est étranger.

 

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