La numérisation de la finance en français

La dématérialisation croissante des biens et des procédures dans le domaine de l’économie favorise l’apparition de nouveaux termes au croisement de la finance et de l’informatique. Aussi, la Commission d’enrichissement de la langue française vient de publier une liste du vocabulaire des actifs numériques au Journal officiel du 15 janvier 2021.

Vous n’en avez peut-être pas conscience mais, pour peu que vous utilisiez l’internet (réseaux sociaux, services en ligne...), vous êtes certainement le détenteur ou la détentrice d’actifs numériques (en anglais digital assets), qui sont constitués de données numériques telles que les contenus multimédias ou encore les logiciels et leur licence d’utilisation : en effet, la propriété ou le droit d’usage de ces actifs sont des éléments de notre patrimoine.

Afin de structurer ces données numériques qui revêtent une valeur particulière – comme le souligne le terme « actifs »-, on a recours à la gestion des actifs numériques (digital asset management) ou GAN (DAM), en particulier dans le domaine des transactions financières ou encore de l’édition. Ce processus peut aller de pair avec la gestion des droits numériques (terme publié en 2006).
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Parmi les actifs numériques, nous pouvons citer également les cyberjetons ou jetons (coin, crypto asset, token). La Commission d’enrichissement a préféré le préfixe cyber-, qui traduit le caractère immatériel de ces biens, à celui de crypto- utilisé en anglais, car les techniques cryptographiques ne sont pas réservées aux jetons. Un cyberjeton peut notamment être l’unité de compte d’une cybermonnaie telle que le célèbre bitcoin, dont la valeur a atteint en ce début d’année son plus haut niveau, après onze ans d’existence.
Ce type d’actif va de pair avec une nouvelle forme de levée de fonds apparue en 2017 : on parle ainsi d’offre de jetons (initial coin offering ou ICO) pour désigner l’émission de cyberjetons dans le but de financer un projet ou une organisation.

L’enregistrement et la sécurisation de données relatives aux actifs numériques (par exemple, les identifiants des parties à une vente d’actifs numériques, tels des cyberjetons) est permise par un dispositif d’enregistrement électronique partagé ou DEEP (distributed ledger technology ou DLT). Par exemple, une chaîne de blocs est un dispositif d’enregistrement électronique partagé. Ce terme est à distinguer de celui de registre partagé ou registre distribué (distributed ledger), qui désigne quant à lui l’ensemble des données qui sont enregistrées par ledit dispositif et conservées par les participants à l’enregistrement.

Enfin, le domaine des assurances profite lui aussi, bien sûr, des progrès numériques, comme en témoigne l’automate exécuteur de clauses (smart contract), protocole informatique qui exécute des clauses préalablement définies – il déclenche, par exemple, l’indemnisation automatique d’un assuré dont l’avion aurait pris du retard –, généralement grâce à un dispositif d’enregistrement électronique partagé. L’adjectif smart est parfois traduit par « intelligent » (par exemple dans le domaine de l’aménagement : smart city = ville intelligente), mais ici les experts ont privilégié une traduction moins littérale de l’expression smart contract car, toutes les actions étant programmées, on ne peut parler d’intelligence propre dans le cas de l’automate exécuteur de clauses.
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Retrouvez ces termes et leurs définitions dans FranceTerme, actif numérique du ministère de la Culture !