Safe place, chemsex, EMDR… quelques exemples de notions, importées en anglais, qui se voient offrir aujourd’hui une désignation française et une définition grâce aux experts de la santé et des affaires sociales. Découvrez ce vocabulaire, qui relève de la médecine somatique, de la psychiatrie ou encore de faits de société, publié par la Commission d’enrichissement de la langue française au Journal officiel du 19 juin 2024.
Anticiper les évolutions dans le domaine de la santé, tel est l’objectif de la (surveillance) prospective sanitaire – terme plus précis que l’anglais horizon scanning –, qui permet de repérer des évènements et de recueillir des données comme les nouvelles formes de risques sanitaires ou les innovations en matière de thérapies. Or, techniques et phénomènes nouveaux apparaissent régulièrement, comme en témoignent les autres termes de cette liste.
Des avancées médicales et thérapeutiques
Citons ainsi dans le champ strictement médical :
– les nanoanticorps (nanobody, single-domain antibody) qui, grâce au génie génétique, sont plus faciles à produire que les anticorps naturels ;
– l’évaluation immunologique (immunobridging), une procédure de mise au point d’un vaccin fondée sur l’évaluation de la production d’anticorps ;
– la radiothérapie de contact, une forme de radiothérapie externe dans laquelle la source du rayonnement se trouve à proximité, voire au contact de la tumeur à éradiquer.
Du côté du fonctionnement psychique et cognitif, les avancées en imagerie et en neurophysiologie permettent à un individu d’agir sur son activité cérébrale, observée en temps réel : on parlera donc de rétroaction cérébrale pour désigner la technique à visée thérapeutique dite en anglais neurofeedback.
Quant à l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), psychothérapie utilisée pour traiter les symptômes liés à des évènements traumatiques, elle devient en français DEMO, pour déconditionnement émotionnel par les mouvements oculaires.
Au carrefour de questions de santé et de société
En 2023, un fait divers impliquant une célébrité a fortement contribué à la médiatisation de la pratique appelée chemsex, terme que les experts ont traduit par la locution transparente sexualité sous drogues, abrégée en SSD.
Toujours du côté de la consommation de produits psychoactifs, le terme besoin impérieux, pour craving, permet de désigner le besoin pressant de consommer une substance dont on est dépendant.
Vous avez peut-être vu apparaître dans les lieux publics des espaces garantissant l’accueil bienveillant des personnes qui se sentent vulnérables ou qui sont victimes d’agressions. Pourquoi ne pas accueillir ces usagères et usagers en français, en nommant un tel lieu espace de confiance plutôt que safe place/space ?
Enfin, la Commission propose un néologisme pour désigner le fait de mettre la santé au premier rang des préoccupations, en recourant par exemple systématiquement à la médicalisation : le terme santéisme, construit avec un suffixe évoquant l’idée de doctrine et qui fait écho à son équivalent anglais healthism.
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