Nous partîmes cinq, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port… À une liberté numérique près, nous pouvons emprunter à Corneille* pour décrire le tourisme de masse qui sévit de plus en plus, de Séville à Santorin en passant par Barcelone ou Marseille.
Complexes, stations et marinas bondés, notamment par l’entremise des voyagistes et des croisiéristes, ne sont pas sans créer des dommages et des difficultés dans nos villes et nos arrière-pays : « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô liesse ennemie ! », se plaignent les habitants de nombreuses zones surfréquentées en été, saisonnalité oblige.
Nous voici donc souvent confrontés à un choix cornélien : écouter notre désir de profiter des joyaux de notre pays et d’au-delà, ou préserver leur durabilité en obéissant à un certain devoir envers notre planète ? Le tourisme durable, doux si possible, est une solution, faite de voies vertes où circuler paisiblement, de minimaisons à habiter pour profiter de l’agrotourisme, ou encore de trames noires permettant d’admirer « cette obscure clarté qui tombe des étoiles » … Les guide-hôtes sont les premiers disposés à nous faire découvrir leurs contrées méconnues et néanmoins admirables : aux âmes des villages reculés, la valeur n’attend pas le nombre des vacanciers !
Aurons-nous du cœur, suffisamment pour renoncer parfois à ces plages paradisiaques que nous regardons avec les yeux de Chimène, mais qui se voient perturbées par la littoralisation à outrance ? Suffisamment aussi pour différer la découverte des perles architecturales les plus courues, sous peine d’être tenus responsables, collectivement, d’une forme… d’urbiCid(e) touristique !
*Le Cid
[Illustration : Wingumoto, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons]