En tant qu'adjoint de la haute fonctionnaire chargée de la terminologie et de la langue française au ministère de la Justice, Vincent Chabin la représente dans toutes ses fonctions au sein du dispositif d’enrichissement de la langue française (DELF). Il nous en dit plus dans cet entretien...
1. Vincent Chabin, qui êtes-vous et quel est votre rôle au sein du dispositif d’enrichissement ?
Je suis directeur des services de greffe judiciaires et actuellement chargé de mission au Service expertise et modernisation du secrétariat général au ministère de la Justice (MJ) : coordination des politiques prioritaires du gouvernement ; pilotage du projet de simplification et d’amélioration des écrits administratifs à destination des usagers. En février 2023, j’ai eu l’honneur d’être également nommé adjoint à madame la Secrétaire générale, Haute fonctionnaire à la langue française pour le MJ.
Mon rôle au sein du dispositif peut être comparé à celui d’un chef d’orchestre, car mes missions sont multiples :
- Représenter la Secrétaire générale du MJ dans l’ensemble de mes actions ;
- Préparer les réunions du collège d’experts (ordre du jour, pré-validation des termes à étudier, entre autres) avec le Président du collège ;
- Animer le collège d’experts, axe important pour faire vivre le débat autour des termes discutés par un collectif aux profils divers et complémentaires ;
- Défendre les termes travaillés par le collège auprès de la commission d’enrichissement de la langue française qui étudie et valide les termes qui pourront être publiés au Journal officiel ;
- Développer de nouvelles idées pour faire rayonner la politique de la langue française au sein du MJ ;
- Faire connaître le travail réalisé sur le sujet de la langue française au sein du MJ.
2. Qu’est-ce que le dispositif vous apporte personnellement ?
Je prends beaucoup de plaisir à effectuer cette mission , car elle porte sur un sujet rassembleur, passionnant, qui est l’affaire de tous et m’apporte un véritable enrichissement intellectuel et professionnel.
Le travail au collège d’experts (adapter des notions souvent issues du monde anglo-saxon à notre vocabulaire juridique français) demande beaucoup de rigueur et se situe sur une ligne de crête, entre le respect d’une technicité juridique et l’objectif d’intelligibilité du terme auprès de l’ensemble des citoyens, non juristes.
Le travail du consensus est exigeant et passionnant : la composition interdisciplinaire du collège fait la richesse de nos échanges. Cela me permet de continuer à développer mes compétences de coordination, indispensables dans mes anciennes fonctions de chef de service en juridiction. Cette animation des débats demande beaucoup d’écoute et de vigilance à ce que chacun puisse prendre la parole afin que nous puissions nous nourrir des réflexions de toutes et tous.
La volonté de faire connaître nos travaux au-delà du dispositif fait également appel à une certaine créativité en proposant des évènements et des outils innovants sur le sujet.
En conclusion, ma curiosité est parfaitement rassasiée, en découvrant et en travaillant de nouvelles notions juridiques, au contact d’experts aux profils, métiers, parcours et domaines très divers.
3. Quels conseils donneriez-vous à un expert qui rejoindrait le dispositif d’enrichissement de la langue française ?
Pour intégrer un des collèges du dispositif , il ne faut – paradoxalement – pas être un expert de la terminologie (la DGLFLF et l’Académie française nous apportent une aide précieuse ) : la langue française est l’affaire de tous . Ainsi, chacun peut participer à cet enrichissement.
Toutefois, l’appétence pour les questions de langage, l’intérêt pour l’évolution du français semblent indispensables. L’expertise demandée à un membre du collège portera avant tout sur le domaine spécifique dans lequel il exerce.
Un nouvel expert se doit d’être curieux et avoir le goût du débat, de l’échange et de l’écoute, un savoir-être nécessaire à la qualité des travaux. Enfin, si j’avais un conseil personnel pour un nouvel arrivant, je lui dirais de ne pas hésiter à prendre la parole et à proposer de nouveaux termes à étudier qu’il a découverts au gré de ses lectures.