Véronique Bujon-Barré a été présidente du collège d'experts Relations internationales pendant 5 ans.
1. Véronique Bujon-Barré, qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous a amenée à prendre part au dispositif d’enrichissement de la langue française ?
Le métier de diplomate, que j’ai exercé pendant près de quarante ans, m’a appris que la communication et la compréhension de l’autre étaient essentiels. C’est pourquoi l’emploi d’un langage précis est la base pour éviter les malentendus.
Mon expérience professionnelle m’a amenée pendant plusieurs années à traiter notamment de questions multilatérales relatives à la sécurité et au désarmement. Dans les principales organisations internationales, le français est l’une des langues officielles et les diplomates français peuvent toujours s’exprimer en français. Néanmoins, les échanges informels et la réflexion sur ces questions se heurtent souvent à l’apparition de termes nouveaux, la plupart du temps en anglais ou plutôt en américain.
C’est pourquoi la participation à l’élaboration d’une terminologie française des relations internationales m’est apparue comme une suite logique de ma carrière.
C’est à quoi je me suis employée en coordonnant les travaux du collège de terminologie des relations internationales, au sein du ministère des Affaires étrangères et européennes, tâche qui m’a été confiée en septembre 2019.
2. Quel bilan tirez-vous de cette expérience de présidente de collège ?
Quand j’ai pris la direction du collège, celui-ci avait déjà accompli une tâche impressionnante, avec l’adoption de 9 listes de termes. Nous avons poursuivi ce travail, avec l’adoption d’une trentaine de termes.
Le travail d’un collège est appuyé de manière très efficace par les recherches terminologiques qu’effectuent les équipes universitaires de terminologie sollicitées par la DGLFLF, et par les conseils de représentants de l’Académie française.
Pour ma part, j’ai fait porter mes efforts dans deux directions : la « veille » sur l’apparition de nouveaux termes dans le vocabulaire des relations internationales, grâce à la participation de diplomates en activité et d’experts du secteur de la recherche. Et la diffusion de nos travaux, au sein du ministère des Affaires étrangères comme auprès des centres de recherche.
3. Quels conseils donneriez-vous à un expert qui rejoindrait le dispositif d’enrichissement de la langue française ?
Il y a un aspect très stimulant dans le dispositif d’enrichissement, qui pourrait davantage être mis à profit : c’est celui de l’échange avec les autres collèges (défense, environnement…). J’ai aussi beaucoup appris lorsque les termes étudiés par nos experts sont revus par la Commission d’enrichissement, où par définition les membres ne sont pas experts de notre domaine.
Ce sont ces contacts qui devraient permettre de développer la diffusion de nos travaux, point qui selon mon expérience demande le plus à être développé.