3 questions à Grégoire Thomas

1. Grégoire Thomas, qui êtes-vous et quel est votre rôle au sein du dispositif d’enrichissement de la langue française (DELF) ?

Professeur de l’enseignement supérieur agronomique, je suis inspecteur général au Ministère chargé de l’agriculture, nommé Haut fonctionnaire à la terminologie et la langue française pour ce ministère. J’ai ainsi à la fois en charge, à temps partiel, l’animation et l’appui aux questions de langue française au sein du ministère mais également l’animation et la coordination du collège de terminologie Agriculture au sein du DELF.

2. Quel est l’intérêt du DELF dans le domaine agricole ?

Le DELF a permis de fonder, parmi d’autres, un dispositif de terminologie ciblé sur l’agriculture et dans ce cadre d’animer un collège dédié, chargé de définir des termes nouveaux. Aujourd’hui, à l’heure des transformations scientifiques et techniques de l’agriculture et de l’alimentation, ils sont nombreux et proviennent souvent de termes anglo-saxons non encore traduits. Ce collège renouvelé récemment comprend des experts de diverses origines qui ont appris à travailler dans une visée terminologique grâce à l’appui et à la pédagogie de l’équipe de la CELF (Commission d'enrichissement de la langue française) qui nous aide dans les travaux pour transformer l’expertise sur les concepts agricoles et alimentaires en définition susceptible d’atteindre la compréhension par tout citoyen. Ma fonction m’amène à animer ces discussions entre experts d’un domaine scientifique et technique et les terminologues. Ceci constitue des échanges stimulants et des productions pertinentes, enrichies in fine par la CELF.

3. Quels conseils donneriez-vous à un expert qui rejoindrait le dispositif d’enrichissement de la langue française ?

Le DELF, désormais très mature, constitue un creuset d’expertise sur la langue, riche, diversifié et complet, s’appuyant sur des collèges d’experts dont les thématiques sont complémentaires. Il représente une puissance d’analyse et de production impressionnante au plan technique et culturel.

Clairement, les collèges thématiques fonctionnent très bien, car aujourd’hui, au sein d’un collège, les experts désignés sont tous engagés, compétents et occupent leur siège bénévole de manière active. Le fonctionnement interne est particulièrement abouti grâce à la compétence, l’appui et à l’ouverture d’esprit de l’équipe des terminologues de la DGLFLF. La présence directe de lexicographes de l’Académie française dans nos collèges constitue aussi un atout préalable à une production pertinente. Au-delà de nos domaines disciplinaires, et d’un travail technique de terminologie, ces collèges montrent une belle intelligence en action à la française, très enrichissante à titre personnel, et qui motive une présence assidue de nos experts. L’examen complémentaire par d’autres collèges constitue aussi un apport accru, pour peu que la concurrence ne s’installe pas.

Le dispositif ainsi constitué de collèges verticaux me parait riche et dynamique. Il existe certes une certaine lourdeur du dispositif global, du fait des examens de listes en plusieurs réunions successives de la Commission, ainsi que du fait de l’examen complémentaire par d’autres collèges. C’est toutefois le prix d’une garantie de rigueur et d’enrichissement intelligent et optimisé de notre langue.