3 questions à Étienne de Laharpe

Étienne de Laharpe fait partie des douze personnalités qualifiées de la Commission d'enrichissement de la langue française.

Étienne de Laharpe, quel est votre rôle au sein du dispositif d’enrichissement de la langue française (DELF) ?

Je travaille dans l’agence de publicité BETC et j’ai la chance d’avoir intégré cette année la Commission d’enrichissement de la langue française. J’insiste sur le mot « chance » parce que c’est un travail passionnant. Les collèges d’experts proposent des mots et définitions pour permettre à la langue française de dire les nouvelles réalités du monde. Ces mots ont déjà des équivalents dans d’autres langues, l’écrasante majorité du temps en anglais. Notre rôle est de nous assurer que le passage en langue française se fait de façon juste. Juste par rapport à la notion proprement dite et juste par rapport à la langue française, sans déperdition ni superflu. Nous nous mettons tour à tour en position de profane et de sachant pour questionner le mot et sa définition : dessinent-ils un chemin clair, efficace et si possible élégant ? C’est une gymnastique très stimulante et qui donne lieu à des débats passionnés.

 

Vous avez intégré le dispositif d’enrichissement récemment, quelles sont vos attentes ?

Ma seule attente était d’apprendre des choses. Je suis un profane professionnel avec une curiosité de presque tout. Je suis donc comblé car les domaines abordés par le travail d’enrichissement de la langue sont aussi divers que passionnants. Cette année nous avons par exemple abordé le vocabulaire de la spatiologie, de l’intelligence artificielle, des batteries ou du transport maritime. Environ une semaine avant chaque séance nous recevons la liste des mots proposés ainsi qu’une documentation nous permettant de comprendre les notions abordées. J’attends chaque mois ce dossier avec gourmandise et impatience.

 

Qu’est-ce que le DELF peut apporter à votre secteur d’activité, la publicité ?

Parfois je me sens un peu passager clandestin dans cette Commission. Pourtant, si un message publicitaire n’a pas la même vocation qu’une définition du dictionnaire, sa conception est aussi un travail de traduction de l’information dans un nouveau langage. Nous aussi ne cessons de nous demander ce que le récepteur du message va comprendre et de nous interroger sur les contenus implicites de chaque mot ou tournure. En revanche, évidemment, nous prenons beaucoup plus de raccourcis et n’hésitons que rarement à dégainer des anglicismes et les astérisques millimétrés qui les accompagnent. Gageons que ce passage à la Commission m’incitera à plus de vigilance.