Santé, affaires sociales, travail : contenir la propagation des anglicismes

Les experts du domaine de la santé le savent : la tendance aux anglicismes est contagieuse. Ils ont donc œuvré pour proposer, comme autant de remèdes, des équivalents français à des concepts empruntés de façon littérale à nos amis anglophones. Mais certains termes de cette liste émanent aussi d’un besoin de dénomination exprimé par la société ou d’une nécessité de clarifier des notions. Découvrez ce vocabulaire relatif aux différents champs couverts par les ministères sociaux, publié par la Commission d’enrichissement de la langue française au Journal officiel du 18 août 2023.

 

Qu’il s’agisse de santé à proprement parler, de questions sociales ou de travail, les termes présentés sont en lien avec des situations de la vie courante, susceptibles de parler au plus grand nombre.

 

Surveiller la santé du français

Les professionnels de santé connaissent bien le sigle anglais POCT, pour point of care test, qui désigne un examen de biologie médicale délocalisé (EBMD)réalisé par exemple en pharmacie, dans un service d’urgences ou à domicile – et dont les résultats sont obtenus rapidement, voire instantanément. On peut également parler de test à proximité du patient.

S’ils sont loin de ne concerner que le dépistage de virus, ces EBMD ont bien sûr été largement déployés lors de la pandémie de Covid-19, et les épidémies mondiales propagent également nombre d’anglicismes… comme celui de superspreader, auquel on préférera désormais le terme supercontaminateur ou supercontaminatrice.

Par ailleurs, face à l’usage croissant de l’expression « santé orale », calque de l’anglais oral health, la Commission entérine le terme santé buccodentaire, plus précis.

 

Société : quand les mots manquent

Il est en revanche bien question d’oralité avec le langage parlé complété ou LPC (cued speech) : ce code constitué de gestes de la main complète la lecture labiale et rend ainsi accessible la langue orale aux personnes sourdes, par le truchement des professionnels que sont les codeurs et les codeuses en LPC. Il est à différencier de la langue des signes, qui constitue une langue à part entière.

Jusqu’ici, il manquait un mot en français pour désigner les parents dont un enfant est décédé et, par là même, reconnaître symboliquement ces situations douloureuses. C’est le terme orphelin, -e d’enfant qui a été retenu pour combler cette lacune – le mot « orphelin », issu du grec orphanos qui signifie « privé de », s’appliquant à toute personne ayant perdu un être cher.

 

Le travail, c’est la santé ?

Si le burnout, depuis une dizaine d’années déjà, a été érigé dans la langue en syndrome d’épuisement professionnel, l’usage croissant des plus récents bore-out et brown-out nécessitait de les nommer également en français. On peut donc désormais parler :

– d’ennui professionnel ou d’ennui au travail (pour bore-out),

– de perte de sens professionnelle ou de perte du sens de son travail (pour brown-out).

Ces « mots du siècle » ne concernent visiblement pas les retraités actifs (unretired), puisque ceux-ci continuent à exercer une activité professionnelle malgré leur statut !

 

Soignez votre français en profondeur en consultant les définitions de ces termes et en en découvrant cinq supplémentaires : corps de Flemming, principe d’équivalence, réadaptation cardiovasculaire, réadaptation respiratoire, récupération améliorée après chirurgie (RAAC).