Infox, information fallacieuse ou fake news ? - octobre 2018

L’anglicisme fake news venu des États-Unis s’est récemment répandu dans le vocabulaire des médias en s’invitant dans le débat public à l’occasion de l’élection de Donald Trump et le dictionnaire Collins a élu le terme fake news « mot de l’année 2017 ».

En réalité, les termes « fausse nouvelle », « information fausse » et « fausse information » n’ont rien de nouveau. La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (article 27) punit en effet la « publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler ».

Dans la même famille, des termes comme « intoxication » – avec son abréviation familière « intox » – ou « désinformation » sont entrés depuis de nombreuses années dans les dictionnaires. En 2005, la Commission d’enrichissement a publié la traduction d’un « avatar » de fake news : « canular » (hoax en anglais)pour désigner une fausse alerte aux virus, ou une fausse chaîne de solidarité ou pétition encombrant les réseaux par la retransmission en chaîne d’un message électronique ; et en 2017 l’indispensable moyen de lutte contre les fake news : l’équivalent de fact checking « vérification des faits ». Le terme « intox » est l’un des plus anciens termes en circulation pour désigner des informations volontairement erronées ou trompeuses. En 1966, il s’emploie déjà, mais pour désigner toute forme d’« action psychologique » ou de « matraquage » visant à influencer les esprits, notamment dans les argumentaires commerciaux et politiques. « Désintox » qui a donné son nom à plusieurs rubriques de décodage de l’information fait désormais partie du vocabulaire journalistique de la vérification des faits et de la mise à l’épreuve des discours politiques.

Considérant néanmoins que l’anglicisme fake news s’installe dans le vocabulaire sans qu’un équivalent français fasse l’unanimité, les experts de la Commission d’enrichissement de la langue française se sont penchés sur sa traduction et proposent d’ajouter aux termes en vigueur dans les textes législatifs deux termes : « information fallacieuse », qui rend bien compte d’une volonté délibérée de nuire, et « infox », qui a un début d’usage dans notre langue, et qui présente l’avantage d’être à la fois nouveau, court et explicite, et à ce titre susceptible de contrer fake news.