Dire "facility report" en français

Isabelle Balsamo, conservatrice générale du patrimoine, chef de l’inspection des patrimoines à la Direction générale des patrimoines (DGP) du ministère de la Culture, a été désignée en septembre 2017 pour représenter la DGP au sein du collège Culture Médias chargé de la terminologie auprès de la Commission d’enrichissement de la langue française. Ce collège, formé par le Haut fonctionnaire chargé de la terminologie et de la langue française au ministère de la Culture, Bernard Notari, est présidé par Jean-Pierre Biron. Il a récemment contribué à la publication au Journal officiel de deux listes de termes portant sur le vocabulaire du jeu vidéo et plus récemment sur l’art urbain (street art). Isabelle Balsamo retrace ici le cheminement et la méthode qui ont conduit le dispositif d’enrichissement de la langue française à publier au Journal officiel un équivalent en français pour le terme facility report, issu d’une suggestion déposée dans la boîte à idées de FranceTerme le 8 juillet 2016 par un agent du ministère de la Culture.

Depuis plusieurs années les professionnels du patrimoine utilisent dans les échanges avec les institutions culturelles, principalement les musées, un document d’évaluation des conditions d’exposition des œuvres, qui se présente sous la forme d’un questionnaire. Premier document à renseigner, préalablement à toute demande de prêt d’une œuvre, il est utilisé pour qu'un établissement puisse recevoir des informations sur l’institution avec laquelle il coopère en tant que prêteur, mais aussi pour communiquer des renseignements lorsqu'il est lui-même emprunteur. Les professionnels le désignent communément sous la forme de l’anglicisme facility report, sans qu’un terme français équivalent se soit imposé dans l’usage.

Nous nous retrouvions donc dans un cas de figure typique où un besoin de terminologie provient de l’usage des professionnels et correspond à une innovation, une nouvelle pratique. Si les prêts entre institutions ne sont pas une pratique récente, en revanche ce qui se généralise, s’intensifie et s’accélère, ce sont les mouvements des œuvres et partant, les documents relatifs à leur sécurité et à leur conservation. Défini comme « Descriptif des moyens matériels, des locaux et des services dont dispose un lieu d'exposition pour accueillir une manifestation », l’équivalent français « fiche technique » publié le 16 septembre 2006 au Journal officiel pour facilities report semblait peu explicite et il s’est avéré nécessaire de réviser cette fiche.

Pour définir et choisir le meilleur terme en français équivalent à facility report, la première étape a été d’expliciter la notion. L’examen du document-modèle, établi et validé en deux langues (français et anglais) par l’Inspection des patrimoines et le Service des musées de France à l’intention des services, a permis au collège d’experts de rédiger une définition dont la version ultime validée par la Commission d’enrichissement et l’Académie française est la suivante  : « Document élaboré par le prêteur et rempli par l’emprunteur décrivant les dispositifs de mise en sécurité et de conservation des œuvres durant une exposition ou une manifestation. »

Une fois écartée la traduction littérale du terme facility report qui aurait pu se construire sur les termes « rapport » et « commodités » ou « installation », le collège a pris connaissance de la traduction proposée par le Grand Dictionnaire Terminologique de l’Office québecois de la langue française : « Rapport sur les installations ». Mais ce terme est limité aux dispositifs matériels, alors que l’approche des établissements est désormais globale et intègre les interventions « humaines » : constat d’état des œuvres, conditions générales de sécurité, dispositifs de gardiennage et de sûreté,  etc.

Le collège souhaitait préconiser un terme susceptible de s’implanter facilement et, par conséquent, aussi court et efficace que le terme anglais. Trois propositions de termes ont été formulées : « Évaluation des conditions d’exposition », « Rapport sur les conditions d’exposition » et « Questionnaire relatif aux conditions d’exposition ». À ce stade, il a paru judicieux de consulter les collègues des services dela Direction générale des patrimoines, car ils sont non seulement les premiers concernés par l’usage du terme, mais aussi les plus à même de valider la pertinence des choix terminologiques. Au terme de cette consultation, une très forte majorité s’est prononcée pour le terme « Rapport sur les conditions d’exposition », dont les avantages sont le voisinage et la consonance avec le terme anglais report et qui pourra s’abréger en « Conditions d’exposition ».

Voir le terme rapport sur les conditions d’exposition

Ci-dessous, de gauche à droite et de haut en bas, les membres du collège Culture et Médias : Matthieu Couranjou, Baptiste Lavenne, Laure Boulakia, Pierrette Crouzet-Daurat, Nathalie Lanckriet, Laurent Catach, Sophie Kurkdjian, François-Marie Grau, Bernard Notari et Isabelle Balsamo.