Cultivons notre français

La place croissante des nouvelles technologies dans le secteur agricole s’accompagne fréquemment d’anglicismes : c’est ce dont témoigne la nouvelle liste du vocabulaire de l’agriculture et de la pêche, qui met également en évidence la diversité des pratiques agricoles, nouvelles ou traditionnelles, s’inspirant souvent les unes des autres ou se rejoignant. Découvrez au fil du texte ces nouveaux termes publiés par la Commission d’enrichissement de la langue française au Journal officiel du 27 mai 2021.

Plusieurs termes témoignent tout d’abord d’une agriculture qui s’appuie de plus en plus sur la technologie. Ainsi, dans l’agriculture collaborative (en anglais co-farming),l’internet et les outils numériques permettent aux cultivateurs et aux éleveurs d’échanger des informations et de partager du matériel, de la main d’œuvre ou divers services. Mais la dimension technologique est encore plus présente dans ce que l’anglais nomme agritech, qui recouvre en fait des réalités différentes et reçoit donc deux équivalents français :

- technique agricole de pointe, qui désigne les techniques faisant appel aux outils numériques ou aux découvertes scientifiques récentes, telles que le guidage des machines agricoles par géolocalisation par satellite ou l’utilisation de phytostimulants ;

- agriculture de pointe, qui correspond au modèle d’agriculture utilisant lesdites techniques agricoles de pointe.

De manière semblable, pour contourner l’anglicisme foodtech, on parlera de façon plus expliciteen français de technique agroalimentaire de pointe (permettant, par exemple, le traçage des produits alimentaires), ou d’agroalimentaire de pointe si l’on fait référence à la filière – souvent constituée de jeunes pousses… qui n’ont jamais si bien porté leur nom que dans le secteur agricole.

Et les pratiques recourant à ces techniques agricoles de pointe pourront être appelées (agri)culture de précision (precision agriculture, precision farming) et élevage de précision (dairy precision farming).

Une autre série de termes souligne les enjeux écologiques indissociables des pratiques agricoles. À côté de l’agriculture de conservation (des sols) (conservation agriculture, conservation farming), qui relève de l’agro-écologie, et de l’agriculture naturelle ou sauvage (natural farming, wild farming), qui en est uneforme extrême, se développe la permaculture (permaculture), dont l’appellation est un mot-valise formé à partir de « permanente » / « permanence » et « agriculture ». Enfin, l’agriculture climato-compatible (climate-smart agriculture, climate-smart farming) souligne bien le défi environnemental en désignant une agriculture qui s’adapte au changement climatique tout en s’efforçant de ne pas contribuer à celui-ci.

Pour finir, quelques autres termes viennent compléter un panorama de pratiques et de territoires variés, à une époque où l’agriculture peut être urbaine et l’aquaculture hydroponique (on pourra également parler d’aquaponie). Et, une fois n’est pas coutume, c’est d’Italie que nous vient le terme pescatourisme (pescaturismo) qui associe à « tourisme » la forme latine du mot « pêche ».

 

Pour compléter cette récolte terminologique, n’hésitez pas à cueillir quelques termes supplémentaires dans FranceTerme : bétuliculteur, -trice, répulsif acoustique de cétacés, serre écologique.