La langue française à la conquête de l'espace

L’année 2022 a été particulièrement riche pour l’exploration spatiale : pensons aux clichés pris par le télescope spatial James Webb, au premier test de défense planétaire, ou encore à la première mission du programme Artemis, pour ne citer qu’eux. Souvent impulsées par des agences internationales, ces opérations véhiculent dès lors de nombreux concepts en anglais ; en tant que puissance spatiale de premier plan, la France se doit cependant de disposer d’un vocabulaire français adapté aux évolutions technologiques dans les domaines de la spatiologie et de l’astronomie, à l’usage des spécialistes comme du grand public. Découvrez la constellation de termes publiés par la Commission d’enrichissement de la langue française au Journal officiel du 10 janvier 2023.

 

Les experts de l’astronomie et de la spatiologie ont élaboré une nouvelle liste de termes et de définitions pour rendre ces disciplines en constante évolution moins nébuleuses.

Entrée en matière (noire)

Pour tenter de vous mettre en appétit avant d’aborder des concepts parfois très techniques, commençons par la crêpe stellaire (stellar pancake) : cette image désigne une étoile qui prend une forme – on l’aurait deviné – aplatie, sous l’effet de l’intense champ de marée gravitationnel.

Nous espérons que le Grand Attracteur (Great Attractor) attirera lui aussi votre attention, comme il attire les galaxies avoisinantes par effet de gravitation.

Déplacements dans l’espace

Du côté des véhicules spatiaux, deux notions explicitent les manœuvres d’un rendez-vous spatial réussi :

– l’accostage assisté (berthing), lorsqu’un bras robotisé intervient dans l’opération d’accostage,

– l’approche par-dessous (fly-under manoeuvre), qui est une des procédures de rendez-vous.

La Commission entérine également le terme transparent nanosatellite cubique comme équivalent à l’anglicisme cubesat. L’intérêt des nanosatellites cubiques par rapport aux nanosatellites classiques

est qu’ils peuvent être assemblés entre eux pour fabriquer des satellites plus gros.

Quelques notions de cosmologie

Une autre série de termes concerne l’évolution du cosmos, selon les modèles cosmologiques de big bang. Quelques centaines de milliers d’années après le début de l’expansion de l’Univers, a eu lieu un épisode nommé recombinaison (recombination), en référence à l’interaction qui s’est opérée alors entre électrons et protons. Cette recombinaison, qui a rendu la matière électriquement neutre, a entraîné ce qu’on appelle le découplage (decoupling) : l’évolution du rayonnement électromagnétique est alors devenue indépendante de celle de la matière, ce qui a abouti à la formation des étoiles et des galaxies.

Le rayonnement électromagnétique, qui s’est propagé quasiment librement depuis le découplage, est observable aujourd’hui sous la forme du fond diffus cosmologiqueCe terme, plus évocateur que l’appellation rayonnement fossile (adoptée en 2012 et qui reste en vigueur), pourra être abrégé en FDC, en lieu et place du sigle anglais CMB (pour cosmic microwave background).

Pour faire travailler davantage encore votre matière grise, consultez les définitions de ces termes ainsi que quatre notions supplémentaires : ajustabilité de la pousséeétage complémentairemodèle cosmologique relativiste et sursaut gamma.