BIOFILM

Biopic ou biofilm ? C'est à découvrir dans "En bons termes", la chronique qui traite d'une sélection de termes parus sur FranceTerme.

À retrouver dans l'émission "De vive(s) voix", consacrée à la langue française dans le monde, présentée par Pascal Paradou sur RFI.

Lorsque le film Bohemian Rhapsody est récompensé aux Golden Globes, les journalistes le qualifient de biopic. Il existe pourtant un équivalent français publié au Journal officiel  par la Commission d’enrichissement en 2008 : « film biographique », synonyme « biofilm ». Pourquoi utilisons-nous un mot plutôt qu’un autre ?  Ni l’un ni l’autre ne semblent pleinement satisfaisants…

Tout d’abord il n’est pas certain que tout le monde sache que l’anglais biopic est un mot-valise formé sur les abréviations de biographical et de picture.

« Film biographique » est long mais parfaitement clair et « entendible » – compréhensible, terme employé dans l’édit de Villers-Cotterêts qui en 1539 impose le français à la place du latin dans les arrêts des cours de justice et dans les actes officiels. Quant à « biofilm », il est polysémique : il ne faut pas confondre les biofilms de cinéma avec des films biodégradables servant à envelopper les aliments, ni avec des films bio militant pour la survie de la planète, ni avec les biofilms, ces colonies de microorganismes qui recouvrent les rochers de leurs voiles imperceptibles.

Alors que font les locuteurs lorsque trois termes s’offrent à eux ? Une recherche rapide dans Télérama (média grand public consacré en partie au cinéma) montre que les deux termes coexistent : c’est biopic qui est employé pour Bohemian Rhapsody consacré à la biographie du chanteur du groupe Queen et « film biographique » lorsqu’il s’agit d’Yves Saint Laurent ou du prince de Monaco. L’emploi du terme français ou anglais semble s’adapter à la langue dans laquelle a été créé le film.

Pourquoi un terme s’implante dans la langue courante ? Il y a un attrait évident pour tout ce qui est américain, synonyme de « modernité ». Les mots sont courts et efficaces. Les rapports de force commerciaux comptent aussi bien entendu. N’oublions pas que dans le domaine du cinéma la France a été pionnière. Comment dites-vous « images d’archives » en anglais ? Vous ne dites pas stock-shot. Et « fondu enchaîné » ? Vous ne dites pas cross fading. Et vous dites « plan rapproché » et non medium close-up. Tout n’est pas toujours aussi tranché, il y a parfois hésitation : si vous dites « palmarès » et non hit parade, vous préférez prime time à « avant soirée ».

Mais il y a aussi des « échecs » : travelling, star, thriller, remake tous ces termes sont des « emprunts lexicalisés » : ils sont entrés dans les dictionnaires et dans la langue courante sous leur forme anglaise, sans traduction française. Plus récents home cinema, blockbuster, ou story-board s’imposent aussi en anglais. « Scénarimage » a fait un « flop » : tous les mots-valises n’ont pas autant de succès qu’« infox » !