SUSPENS

Tombera ? Tombera pas ? 
Suspendu dans le vide, ses doigts crispés s'accrochant désespérément à la falaise qui surplombe un précipice abyssal, le personnage va-t-il lâcher prise ?
Vous le saurez... lors du prochain épisode.
Cette image de bande dessinée, parfaite illustration du mot suspens, s'est imposée en anglais (cliffhanger) pour désigner la situation d'intolérable et délicieuse attente où l'auteur place son lecteur, le cinéaste son spectateur, frustré de ne pas savoir ce qui va se passer, curieux de l'apprendre et libre de l'imaginer.
« Suite au prochain numéro », « À suivre... », le procédé est vieux comme le monde, qui laisse l'auditeur suspendu aux lèvres du narrateur, depuis qu'il y a des conteurs, et des conteuses, comme la belle Shéhérazade. 
Une porte qui s'entrouvre en grinçant, la sonnerie inopinée du téléphone, une ombre qui surgit derrière le héros, le canon d'un revolver pointé sur une tempe, et... plus rien. Le récit s'interrompt ou l'image se fige. Voici le public en haleine : Alors ? Alors ? 
Alors Zorro est arrivé, dit la chanson, et l'histoire peut reprendre son cours, au soulagement général. Coup de théâtre, rebondissement, surprise, presque toujours, l'incertitude sera levée, car il faut bien que l'aventure se poursuive, des romans-feuilletons aux séries télévisuelles et aux films à suspense (mot repris à l'anglais qui l'a emprunté au français !). Raconter est un art de surprise et de suspens.

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