PATIENT ACTIF

Dans le domaine de la santé comme dans d’autres secteurs, le vocabulaire évolue sans cesse pour s’adapter aux innovations technologiques et aux nouvelles pratiques sociales. Parfois, des anglicismes désignent ces notions nouvelles et ne sont pas immédiatement compréhensibles par tous. Principaux prescripteurs en matière de langue, les médias ressentent eux-mêmes le besoin de préciser les notions et de traduire ces termes dès leur apparition, pour les rendre intelligibles au plus grand nombre.

Parmi les nouveaux termes parus le 4 mars 2017 au Journal officiel nous retrouvons des mots qui sont entrés dans la langue courante mais que nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre précisément : maladie orpheline (pour orphan disease) et maladie rare (pour rare disease) – qu'il convient de ne pas confondre –, et médicament orphelin (pour orphan drug ou orphan medicine). Le médicament orphelin permet de soigner la maladie rare et non la maladie orpheline qui par définition n’a pas de traitement.

Disposant de multiples moyens d’information, aujourd’hui de nombreux patients – que l’anglais désigne comme actient (mot-valise) ou active patient – s’informent, se rassemblent au sein d’associations ou de communautés d’internautes et prennent une part active à leur traitement ; il se crée ainsi – au bénéfice de tous – un nouveau type de relation entre praticiens et patients actifs.

Les nouvelles fonctionnalités qu’offrent toutes sortes d’objets connectés ou d'applications mobiles nous aident à prendre soin de notre santé en mesurant notre tension, notre rythme cardiaque, en calculant les calories que nous absorbons... ou, le cas échéant, en participant à un protocole médical : on parle d’automesure connectée. Dans le cadre de la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement qui reconnaît un « droit au répit » à l’aidant, la pratique de relève de l’aidant se met peu à peu en place à l'initiative des associations d'aide aux personnes dépendantes. Le synonyme « baluchonnage » qui nous vient du Québec évoque de façon très imagée l’idée que l’aidant peut s’absenter quelque temps avec son baluchon tandis qu’un « baluchonneur » le remplace le temps de son absence, en posant son baluchon chez la personne aidée.

Depuis l'apparition du SIDA dans les années 1980, les avancées scientifiques ont été telles qu'il est devenu possible de détecter des pics de charges virales très faibles et irréguliers. Aujourd'hui on est donc en mesure de considérer un patient porteur du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) depuis plusieurs années, qui n’a jamais reçu de traitement antiviral et chez qui la charge virale demeure extrêmement faible comme un contrôleur naturel du VIH. Le terme « contrôleur » calqué de l'anglais controller n'indiquant ici qu'une disposition « naturelle » et non une action volontaire. Le terme a été retenu de préférence à « résistant » ou « porteur sain » qui donnent une représentation fausse de l’état de santé du patient.

Enfin la Commission d'enrichissement a publié le terme « autorestriction insulinique » qui traduit l'anglicisme diabulimia relativement répandu dans les milieux médicaux et chez les patients ; il désigne la pratique qui consiste, pour une personne diabétique insulinodépendante, s'estimant en surpoids, à limiter de sa propre initiative la dose d'insuline qu'elle s'administre afin de réduire sa prise de poids. Le terme « diaboulimie », également en usage, est déconseillé car il prête à confusion et peut s’entendre comme une boulimie causée par le diabète alors qu’il s’agit d’un phénomène inverse, touchant des patients qui ne veulent pas grossir.

Autant d’exemples qui montrent que la langue française offre aux « locuteurs actifs » des termes clairs et compréhensibles pour rester en phase avec ces réalités nouvelles...

Voir le terme maladie orpheline

Voir le terme maladie rare

Voir le terme médicament orphelin

Voir le terme patient acif

Voir le terme automesure connectée

Voir le terme relève de l'aidant

Voir le terme contrôleur naturel du VIH

Voir le terme autorestriction insulinique