LOUP Y ES-TU ?

Il était une fois un loup qui risquait de perdre son statut – non pas celui de grand méchant des contes pour enfants, mais celui d’espèce « strictement protégée ».

En effet, le comité permanent de la Convention de Berne, relative à la conservation de la sauvageté en Europe, était réuni à Strasbourg le 3 décembre dernier quand, tout à coup, ses membres votèrent en faveur d’un abaissement du niveau de protection du Canis lupus.

À cette annonce, quelle ne fut pas la colère de certains acteurs de la diplomatie environnementale, partisans du réensauvagement ! « Tirez sur la meute, et la biodiversité cherra ! », avertirent-ils. Les défenseurs de cette espèce clé de voûte et parapluie, dont la disparition mettrait en péril certains écosystèmes, s’empressèrent de prévenir le concerné. Mais notre loup ne fut pas tellement étonné, car le projet avait été évoqué par la Commission européenne dès 2023 : « Je sais que de moi tu médis l’an passé ! », hurla-t-il à la présidente de cette dernière.

Pendant ce temps, les organisations agricoles se félicitaient au contraire à l’idée de voir enfin diminuer le nombre de ces prédateurs, qui menaceraient de décimer les élevages, tout particulièrement dans les contextes de sylvopastoralisme : « Nous voulons bien promener nos troupeaux dans les bois, tant que le loup n’y est pas ! », clamèrent-ils d’une seule voix.

À moins qu’un tiers des parties de la Convention ne s’y opposent d’ici-là, cette décision entrera en vigueur dans trois mois, et le loup se verra déclassé… sans autre forme de procès.