FÉMINICIDE

La Commission d’enrichissement a fait paraître le terme féminicide au Journal officiel le 16 septembre 2014. Comment est né ce mot ? Il est formé sur femina qui veut dire « femme » en latin, et, comme « homicide », sur -cide, du latin caedere qui veut dire trancher, couper – le lapicide, c’est le tailleur de pierres – et qui veut dire aussi tuer. La Commission a choisi féminicide, et non fémicide calqué sur l’anglais female.

Le lexique est déjà riche pour tout ce qui concerne le meurtre des personnes : on peut tuer l’autre, on peut se tuer soi, on peut tuer le dieu, le tyran, le roi, le frère, l’enfant, la mère, le père, tout le monde y passe, y compris, au sens figuré, la liberté : on est liberticide. Vous connaissez : autruicide, déicide, fratricide, homicide, infanticide, matricide, parricide, régicide, suicide et tyrannicide. Dans homicide on entend bien l’homme en général et la femme est un homme, enfin… un être humain.

Mais alors pourquoi avons-nous eu besoin d’un nouveau terme ? Ce n’est pas par souci d’égalité entre les femmes et les hommes, il ne s’agit pas de féminiser le terme homicide. Regardons plutôt la définition. Le féminicide c’est « l’homicide d'une femme, d’une jeune fille ou d'une enfant en raison de son sexe ». Et la Commission a également publié un terme adjacent, homicide sexiste : « l’homicide d'une personne en raison de son sexe ou de son orientation sexuelle ». De quoi s’agit-il ? De viols commis par des inconnus, ou de meurtres dans la sphère intime : violences commises par les conjoints, crimes d’honneurs commis en cas d’adultère, meurtres de jeunes femmes dont la dot est insuffisante, infanticides de nouveau-nées en Asie. 

Une fois n’est pas coutume, le terme est apparu d’abord en espagnol, et non en anglais, sous la forme donc feminicidio. Pourquoi ? Parce que c’est au Mexique qu’une commission a été chargée d’enquêter sur les très nombreux assassinats de femmes dans les années 1990. Donc le terme est entré dans le code pénal de plusieurs pays d’Amérique latine et centrale ainsi qu’en Italie, faisant du féminicide une circonstance aggravante de l’homicide.

En France, le terme féminicide n’est pas entré à proprement parler dans le code pénal français, mais en mettant les « bons termes » à disposition des juristes et des spécialistes des sciences sociales, on prend déjà conscience de la gravité des violences faites aux femmes.