Les cabines de bain

La naissance d'une architecture éphémère pour les bains de mer sur le littoral français, 1760-1850.A partir de la fin du XVIIIe siècle, les premières « maisons de bains » de mer sont édifiées au bord de la Manche et de l'Océan atlantique. Ces établissements collectifs pour le bain et le divertissement, en bois, sont complétés par un dispositif d'abris individuels : tentes, en toile ou en végétal et cabines fixes ou mobiles, issues du modèle anglais desbathing machines.PrésentationDe 1760 à 1820, le littoral de la Manche et de l'Atlantique, entre Dieppe et le Havre, Trouville et Granville, Arcachon et Biarritz, se couvre de petites installations légères et éphémères d'abord construites en bois pour prendre des bains de mer à usage thérapeutique, se divertir et séjourner à la belle saison.Les formules se cherchent et de nouveaux programmes architecturaux accompagnent ces nouvelles pratiques à l'anglaise pour l'usage des élites. Les premières stations estivales s'articulent autour des établissements de bains dont le programme évolue rapidement : les soins thérapeutiques allient les bains chauds pris en baignoire (à la mode thermale) et les différentes pratiques de bains à la lame, dans la mer. Le bain froid s'effectue en pleine mer ou dans des piscines aménagées, semi-ouvertes. Les établissements de bains sont également dotés de nombreuses fonctions liées à la sociabilité et aux loisirs. Ils se rapprochent ainsi de la typologie des casinos, comme à Cherbourg ou Granville, et peuvent même faire fonction parfois d'hôtel, comme dans les bains Frascati du Havre ou les bains Jaguenaud de la Rochelle.Des cabines individuelles peuvent être intégrées aux établissements, fixes, semi-mobiles ou mobiles en bois, accompagnées ou parfois remplacées par des tentes de toile ou de végétal. Les voitures de bains mobiles, tirées par des chevaux à chaque marée apparaissent dès 1809 à Dieppe. A marée basse, l'accès à la mer de ces lourds véhicules est facilité par un pont volant en planches. Les modèles à grandes roues ferrées sont vite concurrencées par les cabines à petites roues qui restent sur la plage à la limite de la marée haute et sont remisées en hiver. Puis les cabines deviennent fixes et sont parfois appelées cabanes ou cabanons : démontables, en bois, alignées le long des digues ou des plages, disposées au hasard comme à Berck-sur-Mer ou selon une composition savante, suivant le régime des concessions privées ou publiques, ou dépendants de grands établissements (bains, hôtels, casinos). On y accède par des chemins de planches ou encore par des plate-formes sur pilotis, lorsqu'elles sont édifiées au-dessus de l'eau, selon l'usage méditerranéen (ex. Marseille).Sur les côtes de la Manche, ce sont des « cabines-châlets » (Berck-sur-Mer) ou des paillottes (Agon-Coutainville), plus spacieuses ; les « cabanes à bâteau » à étage avec remise, disposées en rez-de-plage, au Havre, sont surnommées les boat houses. Sur les plages de la Manche et de la Mer du Nord, l'édicule abri, éphémère et minimum, reste le « panier », sorte de fauteuil de plage en osier ou en bois recouvert de toile, qui protège à la fois du sable et de la brise marine. Enfin, les célèbres tentes en toile à rayures bayadère doublent parfois les cabines ; chaque station, chaque concession a son propre modèle, depuis la tente-pavillon de Dieppe jusqu'à la tente-parasol des conches de Royan.