Loïe Fuller, une danseuse avant-gardiste

Une femme non conventionnelleNée en 1862 dans l’Illinois, aux États-Unis, Mary Louise Fuller est aujourd’hui considérée comme une des pionnières de la danse moderne. D’abord comédienne, elle aurait découvert sa vocation, en 1891, en interprétant une femme sous hypnose dans une pièce de théâtre. Vêtue d’une chemise large, ses mouvements auraient fait virevolter le tissu et provoqué une forte réaction du public.Mariée alors au colonel William Haye, ce dernier finance sa compagnie et même une tournée. Toutefois, Loïe Fuller découvre qu’il est déjà marié et demande donc le divorce en 1892. Par la suite, elle aura des amours lesbiennes, puis une vraie compagne de vie, Gab Sorère.D’abord célébrée en Amérique, elle part pour Paris pour devenir une des artistes les mieux rémunérées du monde du spectacle. Elle demeurera en France jusqu’à son décès, en 1928, après de nombreux voyages dans toute l’Europe et aux États-Unis.Une danseuse innovanteAyant très vite compris ce que l'arrivée naissante de l'électricité pouvait lui apporter, elle l'intégra rapidement à ses mises en scènes (exceptionnelles pour l’époque), où la lumière jouait un très grand rôle. Dansant pieds nus, sans corset, elle utilisait ses bras prolongés de longues baguettes (recouvertes de longs tissus) pour les faire  tournoyer. Loin du style académique classique, elle créa un nouveau type de danse qui ravit la France en plein mouvement Art Nouveau.Son premier spectacle, « La danse serpentine »,  lui permit d’être repérée par Édouard Marchand, directeur des Folies Bergère qui l'embaucha en 1892. Les Frères Lumière y filmèrent « La danse serpentine » en 1896. Elle marqua fortement des artistes symbolistes comme Mallarmé, mais aussi un large public allant de Jules Chéret à Cocteau en passant par Georges Rodenbach ou Hector Guimard.Devenue par la suite chorégraphe, Loïe Fuller fonda sa propre troupe (dont fera partie Isadora Duncan). Certaines de ses chorégraphies furent très proches de la performance et formèrent ainsi le socle de ce qui est devenu la danse contemporaine.Une passionnée de technologieParmi les personnalités appréciant son travail se trouvaient Pierre et Marie Curie, qu’elle contacta afin de réaliser un costume luminescent à base de radium. Malgré leur refus, cet élément radioactif lui donna l'envie de produire des sels luminescents et autres accessoires de scène qu'elle confectionna dans son propre laboratoire et pour lesquels elle déposera plusieurs brevets. Elle fit, par ailleurs, partie de la Société française d'astronomie (dirigée par Camille Flammarion).Utilisant des projecteurs de couleurs, des éclairages en contre-plongée et créant des jeux d’ombres et de lumières sur ses voiles, ses performances marquèrent toute une génération d'artistes (qui la reproduisirent en affiches, en photographie, en peinture, en objets décoratifs...).Rien d'étonnant à ce qu'elle devînt elle-même cinéaste, réalisant en 1921 un film colorisé « Le lys de la vie ».Une mécène, collectionneuse et productriceA tout cela il convient d'ajouter que Loïe Fuller fut une des premières collectionneuses d’œuvres de Rodin. Œuvres qu'elle exposa à Paris, en 1900 lors de l'Exposition Universelle, dans un « théâtre-musée » qu'elle fit construire, à ses frais, dans le jardin des Tuileries. C'est là qu'elle fit connaître la troupe japonaise de théâtre de Sada Yacco, qu’elle produisit ensuite pour une tournée européenne.Très rapidement , cette artiste aux multiples talents, devint ... « La Fuller ».