Le carnaval

Histoire et symbolique du CarnavalFête d’origine païenne, étroitement encadrée au Moyen Âge par l’Eglise qui l’inscrit dans le calendrier liturgique du cycle précédant la période de Carème, entre Noël et Mardi-gras, le carnaval est une manifestation à caractère satirique, durant laquelle l’ordre établi est mis à bas au profit d’un chaos éphémère. « Fête que le peuple se donne à lui-même », selon l’expression de Goethe, elle est l’occasion de débordements, de travestissements, de manifestations de sauvagerie ou encore d’inversions de sexes et de codes sociaux.Les masques et les déguisements dont les participants se revêtent renvoient au folklore et à la mythologie populaires ; tel l’homme sauvage, ils sont des survivances de cultes païens de la fertilité, de la régénération de la nature. Cette fête subit de nombreuses transformations au fil de l’histoire : les aspects brutaux et le caractère subversif qui étaient les siens à l’époque médiévale tendent à s’effacer à l’époque moderne au profit des bals masqués aristocratiques, sous l’influence de Venise, puis au XIXe siècle au profit des cortèges et défilés rigoureusement contrôlés par les autorités. A cette époque, le carnaval est l’occasion de réjouissances variées, qui vont du festin à la parade, en passant par les aspersions, barbouillages, batailles de projectiles, jeux de l’ours, chasses, farces, déguisements, chants, danses…Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, bals et festins font place à de fastueux défilés, en particulier sous l’influence de la ville de Nice qui en lança la mode à partir de 1873, en instituant un corso carnavalesque auquel était rattaché un Comité organisateur de la fête. Désormais, défilés de chars, cavalcades, mascarades, etc. constituent les moments forts du Carnaval dans les grandes villes. Ils sont étroitement contrôlés par les autorités, comme en témoigne ce programme officiel illustré du cortège parisien de la mi-Carême 1893, paru dans le supplément au journal La Patrie. Fantassins, cavaliers, calèches… forment un immense cortège qui défile suivant une trajectoire prédéfinie et auquel assistent des foules de spectateurs.La fête du Bœuf gras à Paris. Les origines du Bœuf gras, fête corporative des bouchers, remontent à l’époque médiévale.Le Bœuf gras tire son nom du jour fixé pour la fête : le Jeudi gras, qui correspond au troisième jeudi de la Mi-Carême, durant lequel le Carnaval renaît une dernière fois.En 1805, elle prend la forme de trois journées historiques durant lesquelles Sa Majesté le Bœuf gras allait rendre visite au Souverain de l'époque.Après quelques années de disparition, Napoléon III l’autorise à nouveau en 1852. Au XIXe siècle, cette fête apparaît comme l’un des moments forts du Carnaval de Paris et rencontre un immense succès.Il s'agit bien d'une fête carnavalesque. Si elle est une fête à part entière et puise ses origines grâce à la corporation des bouchers, l’histoire du Bœuf gras ne s’en confond pas moins avec celle du Carnaval : non seulement elle s’inscrit au cœur de ses festivités, d’abord le Jeudi gras, puis le Mardi gras et les jours qui précèdent, mais aussi et surtout elle en adopte les réjouissances, en faisant intervenir les mêmes personnages costumés, tirés de l’histoire, du folklore ou de la mythologie, en particulier les sauvages à demi-nus, qui sont les figures centrales du carnaval, et en prenant l’aspect d’une fastueuse parade.Au XIXe siècle, cette fête ne pouvait que susciter un engouement général, car la révolution industrielle, le développement des villes et les valeurs promues par la bourgeoisie s’accordaient parfaitement avec son caractère à la fois urbain et commercial et son organisation sous la forme de défilé de chars. Un cortège public était facile à contrôler par les autorités qui redoutaient avant tout la débauche et les excès des jeux carnavalesques. Le trajet est fixé d’avance et bien encadré, et la foule des spectateurs bien séparée du défilé lui-même. Les lieux d’où celui-ci part sont en eux-mêmes symboliques : abattoirs, palais de l’industrie…, tous concourent à renforcer l’aspect commercial de la manifestation, qui tombera dans l’oubli dans les années 1950, avant de renaître à nouveau à la fin du vingtième siècle.Découvrez les expositions de l'histoire par l'image sur le carnaval