L'art de la médaille

L’art de la médaille se développe en Europe à partir de la Renaissance, époque où les amateurs redécouvrent les monnaies antiques. Comme une pièce de monnaie une médaille possède deux faces, l’avers, la face qui présente généralement le motif principal, et le revers, qui peut comporter -mais ce n’est pas systématique- une composition ou une inscription. La médaille n’a aucune valeur monétaire, elle sert à commémorer un évènement, un personnage ou une institution. Elle peut également avoir une valeur décorative et être collectionnée à l’instar des objets précieux. Une médaille est généralement de format circulaire. Cependant les artistes de la fin du XIXe siècle mettent au goût du jour le format carré ou rectangulaire : on parle alors de plaquette et non de médaille.L’invention de la plaquette revient au médailleur Oscar Roty qui dans les années 1880 imagine, pour susciter l'intérêt du public, de revenir à ce format en usage à la Renaissance mais tombé depuis lors dans l'oubli.Au cours du XIXe siècle, l’art de la médaille a pris une place sans cesse croissante au sein de la vie artistique française : le Salon annuel en vient à lui consacrer une section autonome ; à partir des années 1890, le musée du Luxembourg – musée des artistes vivants – lui donne une place au sein des collections, et Roger Marx, célèbre collectionneur et critique, crée la Société des Amis de la médaille française (1899). Des cabinets de médailles sont créés en maints endroits du territoire.Puis, comme la sculpture, la médaille subit le contrecoup du long désamour qui a affecté l’art du XIXe siècle, et disparaît aux yeux de l’amateur.La Bibliothèque nationale, la Monnaie de Paris et le Cabinet des médailles de Lyon sont, pendant la majeure partie du XXe siècle, les seuls lieux publics qui continuent à exposer ces objets. Loin de se cantonner aux formules codifiées de la médaille pieuse ou de la monnaie usuelle, les plaquettes et les médailles livrent une vision extraordinairement riche et multiple de la société de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elles consignent dans le bronze, le métal argenté ou doré, voire le zinc, la mémoire de tous les aspects de la vie privée et publique, de la petite et de la grande histoire : anniversaires intimes, inventions scientifiques, politique internationale…Des prisons aux hôpitaux, des chambres de commerce au démoulage du premier pneumatique, du Club alpin français aux aérostats, défile, devant nous, le kaléidoscope de l’Histoire. Raffinée et multiple, la gravure en médailles – comme elle était désignée au XXe siècle – est un art à part entière qui mérite de sortir de la confidentialité que l’histoire du goût lui a imposée. En témoigne aujourd’hui la médaille imaginée par Christian Lacroix qui perpétue et réinvente cet art considéré à tort comme mineur.