Le logis du vers à soie : la magnanerie

Le charmant magnanNom provençal du bombyx du mûrier, ou ver à soie, magnan viendrait soit du verbe maniar, manger (les vers sont très voraces), soit de l’italien, langue du lieu duquel a été importée la sériciculture en France. Originaire de Chine, cette chenille produit grâce à sa bave, un cocon composé d’un fil unique allant de 800 à 1 500 mètres de long pour faire sa transformation en papillon. Il se nourrit des feuilles des mûriers blancs capables de pousser sous le climat du Sud de la France, il a donc été acclimaté rapidement, dès le XVe siècle.Des contraintes techniques importantesLes vers à soie muent quatre fois, mangent énormément et sont sensibles aux changements de températures. Pour éviter le dépérissement de ces précieux insectes, des bâtiments spécifiques ont été créés afin de permettre une évacuation des déchets (excréments, restes de feuilles, anciennes peaux…), de leur fournir des supports pour faire leurs cocons et d’aérer le bâtiment. La difficulté consistait alors à évacuer l’air vicié par l’activité intense des vers sans faire chuter la température ambiante. Les magnaneries répondaient à ces besoins. Elles comprenaient généralement la culture de mûrier, l’élevage des bombyx (on parlait alors « d’éducation » des vers), les ateliers d’extraction de la soie et ceux de filage.La magnanerie idéaleSelon l’auteur M.L., dans sa Courte instruction populaire sur la culture des mûriers, les magnaneries et l’éducation des vers à soie de 1836, « une Magnanerie bien établie se compose :1° d’un petit appartement où on fait éclore les vers à soie et où on les laisse pendant leurs 5 premiers âges, on lui donne le nom d’étuve ;2° d’un appartement où ils doivent passer le reste de leur vie , qu’on nomme l’atelier et qui doit être proportionné à la quantité de vers à soie qu’on veut élever » ainsi que « 5° d’un hangar pour faire sécher les feuilles, lorsqu’on est obligé de les cueillir par la pluie ;3° d'un hangar pour faire sécher les feuilles, lorsqu'on est obligé de les cueillir par la pluie4° et et d’une cave sèche et fraîche, où on puisse les conserver pendant deux à trois jours ».De Lyon à l’IndeAvec ces techniques, la sériciculture française connaît une croissance exponentielle jusqu’au milieu du XIXe siècle. A cause de l’augmentation de la concurrence étrangère et des maladies provoquées par l’élevage intensif, elle subit un long déclin jusqu’à la Première Guerre Mondiale. La « gattine », la « flacherie » et la « muscardine » déciment les élevages malgré les efforts de Louis Pasteur et font perdre à Lyon sont statuts de place-forte de la sériciculture. Aujourd’hui, la production française de soie est faible mais existe toujours, servant en partie de support d’étude aux modifications génétiques des vers pour créer une soie aux qualités exceptionnelles. Néanmoins, les principaux piliers de la sériciculture se situent en Chine et en Inde.