Gustave Courbet : un peintre réaliste

"Ce fut comme le bruit d'une trombe qui aurait passé sur la salle d'exposition en secouant et en fracassant les vitres" (Castagnary, 1884)En 1848, Courbet, qui a jusqu'alors peu exposé au Salon, peut enfin y présenter une dizaine de toiles. Remarqué, il noue une relation d'amitié avec le critique Champfleury et bénéficie désormais d'une reconnaissance publique, confirmée l'année suivante avec l'achat par l'Etat d'Une après-dînée à Ornans (Lille, musée des Beaux-Arts). La médaille de seconde classe obtenue à cette occasion le dispense désormais de son envoi au jury jusqu'en 1857, année où les règles changent.Avec d'autres œuvres en revanche, Courbet se heurte à l'incompréhension et provoque le scandale. C'est le cas en 1849 avec Les casseurs de pierres (œuvre détruite) puis avec Un Enterrement à Ornans au Salon de 1850-1851. En cette seconde moitié de XIXe siècle, selon la tradition académique, les tableaux de grand format sont réservés aux sujets historiques, bibliques, mythologiques ou allégoriques. Courbet maltraite cette convention en peignant un monde familier, domestique, sur de très grandes toiles. Il estime que l'histoire contemporaine, fût-elle celle des gens du peuple, mérite ces grands formats. En affirmant que "L'art historique est par essence contemporain", Courbet exprime son désir de réformer la peinture d'histoire. Le titre original de l'Enterrement, Tableau historique d'un enterrement à Ornans, est de ce point de vue emblématique.Au cours de cette période, Courbet fait une rencontre décisive pour la suite de sa carrière. Alfred Bruyas (1821-1877), un riche collectionneur originaire de Montpellier, achète Les Baigneuses. Il va dès lors devenir un véritable mécène pour l'artiste, qui peut ainsi vivre de sa peinture en toute indépendance. La reconnaissance vient également de l'étranger. Dès 1854, on se dispute à Berlin et à Vienne l'honneur d'exposer Courbet.  Cette période trouve son apogée dans l'Atelier du peintre (1854-1855), véritable tableau-manifeste dans lequel Courbet affirme ses choix artistiques et politiques. Courbet donne d'ailleurs à cette œuvre de près de quatre mètres sur six le sous-titre évocateur de Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale.Le jury du Salon de 1855 accepte plus d'une dizaine de toiles de Courbet, mais refuse son Atelier, à cause de la taille de l’œuvre.Cette décision incite Courbet à organiser une exposition particulière, en marge de l'Exposition universelle, dans un bâtiment édifié à ses frais et qu'il nomme le "pavillon du Réalisme".Voir sur le site du musée d'Orsay la biographie complète