Degas et les danseuses

Lieu incontournable de la vie culturelle et mondaine de la bonne société parisienne, le théâtre de l’Opéra a successivement occupé trois salles dans Paris au cours du 19e siècle. L’Opéra de la rue de Richelieu (salle Montansier), inauguré en 1793, est démoli le 13 février 1820. Une nouvelle salle est inaugurée le 19 août 1821 : il s’agit de l’Opéra de la rue Le Peletier, détruite par un incendie dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873. C'est en 1875 que sera inauguré l'Opéra de Charles Garnier. Au 19e siècle, l’Opéra de Paris emploie sept cents personnes entre artistes, décorateurs, costumiers, techniciens... dont presque deux cents constituent le corps de ballet.Issu d’une famille de mélomanes, Edgar Degas (1834-1917) est un habitué de l’Opéra de la rue Le Peletier et connaît bien les coulisses, le foyer de la danse, où il était introduit par un ami musicien de l'orchestre.A partir du début des années 1870 et jusqu'à sa mort, les ballerines à l'exercice, aux répétitions ou au repos deviennent le sujet de prédilection de Degas, inlassablement repris avec de nombreuses variantes dans les postures et les gestes. Davantage que les planches et les feux de la rampe, c'est le travail préparatoire qui l'intéresse : l’entraînement. Degas montre avec justesse et subtilité la discipline rigoureuse, le travail parfois douloureux auquel s’astreignent les petits rats et que la beauté a un prix, celui de la souffrance et du travail. Il rend parfaitement tous ces petits gestes qui échappent au public et que seuls peuvent observer ceux, qui comme lui, fréquentent assidûment les coulisses et les répétitions.Surnommé « peintre des danseuses », on estime qu’il a réalisé environ 1 500 pastels, peintures, gravures et dessins sur ce thème, Degas dira à ce sujet à Ambroise Vollard « On m’appelle le peintre des danseuses, mais on ne comprend pas que la danseuse a été pour moi un prétexte à peindre de jolies étoffes et à rendre des mouvements ».Mieux connu par son œuvre de dessinateur et de peintre, Degas est aussi un sculpteur prolifique : à sa mort, en 1917, il laisse dans son atelier 150 sculptures en cire ou en terre.