Créatures fantastiques pour esprits fantasques

Des animaux comme les autresLes bestiaires médiévaux (bestiaire d’Aberdeen, du XIIe siècle) puis de la Renaissance décrivent avec autant de conviction les créatures imaginaires que les animaux réels, les voyageurs ramenant de régions lointaines (Indes, Amériques…) des croquis et récits de bêtes exotiques aux caractéristiques étonnantes. D’un certain point de vue, si on n’accepte en Europe l’existence de créatures aussi étranges que l’éléphant ou les oiseaux de paradis, pourquoi pas celle de la licorne ou du phœnix ? Les Arts puisent tout au long de l’Histoire dans cet important réservoir qu’est l’imaginaire pour trouver ses thèmes. Qu’il s’agisse de créatures antiques de la mythologie (Cerbères, Pégase…) ou d’êtres composites du folklore, on les retrouve sur les maisons, les églises, les vêtements, les bijoux, le mobilier…Humaniser l’inhumainNombre de ces entités sont reprises de l’Antiquité autant gréco-romaine qu’orientale (griffons, sirènes…) et figurent des hybrides entre humains et animaux. On peut citer la sirène, à l’origine oiseau à figure de femme se voit dotée d’une queue de poisson avec un buste humain ou encore le poisson-évêque, sorte d’homme-poisson à tête en forme de mitre qui officierait parmi les tritons la fonction d’ecclésiastique. Représentant dans un premier temps les forces naturelles incontrôlables subies par les Hommes (les monstres marins associés aux océans, les faunes à la fécondité…), on leur attribut des qualités humaines, des amours, des familles, des hiérarchies sociales (pour exemple, le Songe d’une Nuit d’Été de W. Shakespeare et l’évocation d’une cour des elfes) … Jusqu’à ce qu’ils caractérisent des attitudes humaines, comme le qualificatif de satyre pour un individu lubrique, de cerbère pour une personne peu affable ou encore de succube pour une tentatrice.Un rôle essentiel dans les récitsPorteurs de l’ambivalence humain/animal, à la limite de la civilisation et du sauvage, les êtres fantastiques sont régulièrement les faire-valoir des héros. Qu’il s’agisse de la Tarasque pour Sainte Marthe de Béthanie ou de l’hydre de Lerne pour Hercules, ces créatures imaginées permettent d’exalter les qualités du personnage principal soit en s’y opposant et en étant vaincus, soit en se mettant à leur service pour les aider (comme Garuda qui sert de monture à Vishnu, ou Pégase pour Bellérophon).