La femme dans l’Art nouveau à travers la carte postale

A l’aube du XIXe siècle, les murs des villes, des villages et du moindre hameau se couvrent d’affiches vantant les produits de l’industrie naissante. Café, chocolat, savon, tout ce dont on peut rêver s’affiche sur la moindre surface pour séduire la ménagère à qui l’on peint les produits des plus tentantes couleurs.Empruntant au tout récent courant artistique « Art nouveau », les affichistes créent une esthétique foisonnante et inédite où le thème de la femme devient très vite prépondérant. A la fois muse inaccessible ou séductrice vénale, la femme Art nouveau se décline sur tous les supports, en tous lieux, de la rue aux plus modestes intérieurs par le biais de la carte postale.En effet, la carte postale, inventée en 1869, est très à la mode. Livrée aux illustrateurs, coloristes et imprimeurs mêlant le talent et la créativité des uns, aux innovations techniques des autres pour produire une véritable « petite estampe » que tout un chacun peut acquérir pour son plaisir ou celui de l’envoyer aux autres. Le père de l'affichage moderne, Leonetto Cappiello, ne s'y trompe pas : « non seulement je trouve charmante cette mode de correspondre par l'image, mais aussi intéressante car elle peut être, si on sait en tirer parti, un moyen de divulgation d'art très utile. »A partir de là, il est bien naturel de voir s'exprimer dans la carte postale autant d'illustrateurs et d'affichistes reprenant la femme comme archétype.La « femme-fleur »L’inspiration de l’Art nouveau se puise d’abord dans la Nature par ses lignes courbes, les motifs floraux et végétaux qui viennent parer et magnifier une figure féminine entourée d’enroulements de tiges et d’épanouissement de fleurs prises dans de luxuriantes chevelures.L’inspiration antiqueBien que désireux de créer un nouvel élan artistique en rupture avec le passé, les illustrateurs Art nouveau s’inspirent souvent de l’Antiquité pour réaliser de charmantes gréco-romaines en toges légères, très pures allégories de la danse, de la musique ou de la poésie.La femme orientaleDeux Orients l’inspirent, le Proche-Orient et le Japon. Fascinés par ces beautés orientales rêvées, les artistes créent une figure sensuelle bien loin des interdits de la société bourgeoise d’alors. Odalisque ou geisha, elles génèrent plus encore le désir que l’amour.Cocottes, demi-mondaines et actricesLes figures célèbrent de la Belle Epoque ne s’y trompent pas et utilisent le talent des illustrateurs pour les magnifier. Telle la « Divine » Sarah Bernhardt qui découvrant le talent du jeune Mucha, le prend en contrat pour six ans après avoir été séduite par la façon dont il l’avait représentée dans le rôle de Gismonda.La collection des centSérie de rêve pour les cartophiles, la « collection des cent » est née de l’idée du coloriste industriel E. Gréningaire d’éditer 10 séries de pochettes contenant 10 cartes postales d’un artiste différent à chaque fois. Au final, elle comptera 98 cartes différentes pour 92 illustrateurs dont les célèbrent Alfons Mucha, Eugène Grasset, Henri Boutet, etc.Les multiples facettes de « La femme dans l’Art nouveau » sont à découvrir au Carton voyageur – Musée de la carte postale à Baud (56) jusqu’au 30 décembre 2017.