Comme dans des chaussons : les paires de chaussures

De la protection des orteils à l’accessoire de modeDes sandalettes en cuir du Musée du Quai Branly aux souliers de Catherine de Wurtemberg, reine consort de Westphalie, il n’y a qu’un pas. Si le rôle premier des chaussures est de protéger les pieds lors des longues expéditions de chasse ou de cueillette, il évolue rapidement vers un moyen d’affirmation des goûts, de distinction sociale ou de séduction, changeant avec les époques.Des matières et des formesLa momie d’Ötzi (vers 3300 à 3255 av. J.-C.) a été découverte portant aux pieds des sortes de mocassins de cuir, confirmant la première hypothèse utilitaire. Souple et résistante, cette matière est privilégiée pour la confection des chaussures. L’être humain étant ingénieux, des fibres végétales ont également été employées, comme l’écorce de boulot tressée ou la paille de riz. Le bois (liège...) est aussi exploité, notamment pour les cothurnes grecques, espèces de sandales à semelles compensées utilisées par les acteurs de l’Antiquité pour se grandir. De même, on recourt aux tissus comme la soie ou le velours, délicats mais pouvant être brodés facilement.Un moyen de distinction social La qualité des souliers ainsi que le degré de complexité nécessaire à leur fabrication varie énormément d’une paire à l’autre. Des sabots en bois brut bourrés de paille peuvent se révéler moins confortables que des escarpins à talon bobine mais ils seront plus adaptés à un usage courant, à la boue et aux accros de la vie fermière. Des okobo japonais de bois laqué seront certes très élégants mais nécessiterons un entraînement avant de pouvoir être portés sans trébucher ! A l’origine, les talons étaient en Europe aussi bien portés par les hommes que par les femmes et se sont associés à la noblesse sous l’Ancien Empire.Plaire, sans être dans ses petits souliersLes chaussures servent enfin d’arme d’attraction : le talon aiguille contemporain galbe la cuisse et modifie la démarche comme le feraient de minuscules souliers chinois, adaptés aux pieds bandés des femmes de la fin de la dynastie Tang (Xe siècle). Les bottes, destinées à protéger les vêtements des éclaboussures de terre, ont été réemployées en cuissardes ou bottines ajourées… Ni la femme fatale ni le Don Juan n’apparaît mal chaussé dans l’imaginaire collectif.Voir aussiLa collection de chaussures de Victor Guillen (1920-1972)