Les deux îles de Lérins : Saint Honorat et Sainte Marguerite (Cannes)

L’archipel de Lérins fut vite repéré par les Romains comme lieu stratégique et des villas y furent construites. Au 16e siècle, le moine Barralis signale l’existence d’antiquités sur l’île Sainte-Marguerite, qui furent récupérées par les forces militaires espagnoles et françaises en conflit, au 17e siècle, pour la construction du fort royal et de ses annexes. Le prospecteur qu’était Mérimée les retrouvera plus tard, surpris par l’ampleur du site.  Le Moyen-Age consacre terre sacrée, l’île Saint-Honorat, reconnaissant la vie sainte menée par les anachorètes, puis son monastère devenant haut-lieu de l’Eglise, il sera reconnu par la papauté pour l’obtention d’indulgences, lors de constants pèlerinages. Saint Vincent compose son Commonitorium, et saint Eucher y écrit son éloge de la solitude. Les îles de Lérins seront contées, explorées par nombre de lettrés, sans parler des écrits hagiographiques : le troubadour Raymond Féraud chante la vie de saint Honorat, Madame de Sévigné évoque Lérins en ses lettres, Voltaire milite contre l’absolutisme, jusqu’au poète Alfred de Vigny et le passage de Stendhal dans le Midi. L’écrivain George Sand et sa fille botanisent sur les îles, Victor Hugo croque dans des dessins les îles et ses monuments. Le prix Nobel de littérature Frédéric Mistral y chante la ‘Coupo Santo’ en compagnie d’autres félibres, pour les fêtes latines. Le passage de Bonaparte et la légende de prisonniers comme le célèbre masque de fer conduit vers Lérins les pas de Chateaubriand, Maurice Leblanc (père d’Arsène Lupin), Rostand, le provençal Marcel Pagnol, ainsi que des historiens tels Michelet, André Castelot ou Alain Decaux. Les guerres susciteront un intérêt pour ces deux îles, envisagées comme verrou efficace sur les routes maritimes, de la part de fins stratèges comme Vauban, Bonaparte, et provoquent le récit autobiographique de Blaise Cendrars, en 1917, dans Moravagine. Des photographes de renom capturent la beauté des îles dans leur objectif : le pionnier Charles Nègre (1820-1880), Jacques-Henri Lartigue (1894-1986) qui fréquente assidûment le littoral azuréen. Edward Quinn (1920-1997) et André Villers (1930-2016) produisent des clichés. En 2013, Georges Rousse expose au Musée de Cannes et Bae Bien-U, coréen, prend ses quartiers sur Sainte-Marguerite. Nils-Udo, plasticien allemand, représentant du Land-art, s’illustre en 2015 par une production originale.  Naviguant sur son yacht, Guy de Maupassant, sarcastique à l’endroit des têtes couronnées et des phtisiques venus se soigner en bord de mer, succombe à la magie de la baie : Je n’ai jamais vu nulle part ces couchers de soleil de féerie, ces incendies de l’horizon tout entier, ces explosions de nuages, cette mise en scène habile et superbe, ce renouvellement quotidien d’effets excessifs et magnifiques qui forcent l’admiration et feraient un peu sourire s’ils étaient peints par des hommes. Les îles de Lérins, qui ferment à l’est le golfe de Cannes et le séparent du golfe Juan, semblent elles-mêmes deux îles d’opérette placées là pour le plus grand plaisir des hivernants et des malades (extrait de « Sur l’eau », 1888).Voir aussiCannes candidate au patrimoine mondial de l'UNESCO  pour les iles de LérinsLes expositions virtuelles produites par les Archives municipales de la ville de Cannes- Légendes du pays cannois et des îles de Lérins- L'île Saint-Honorat, un patrimoine à préserver- Prisonniers du fort de l'île Sainte-Marguerite et de Cannes