Les cartes marines

Dès l'Antiquité, les hommes ont cherché à représenter leur territoire et à mémoriser des itinéraires. Les Grecs vont élaborer un système de représentation du monde et jeter les bases de la cartographie. Vers 650 avant Jésus-Christ, Thalès de Millet conçoit déjà la rotondité de la Terre, ce que confirmera quelques siècles plus tard Aristote en s'appuyant sur l'image des bateaux disparaissant progressivement à l'horizon comme aspirés par la mer...Au IIIe siècle avant Jésus-Christ, Ératosthène calcule la circonférence de la Terre à l'aide d'un gnomon, un simple bâton de bois planté dans le sol. Ptolémée, au IIe siècle de notre ère, conçoit la carte du monde et ses cartes régionales à l'aide d'un quadrillage de lignes parallèles et perpendiculaires. Au Moyen Âge, les dessinateurs des cartes marines disposent eux aussi d'instruments très simples – ceux des marins – comme la boussole et sa rose des vents. Avec des moyens qui semblent dérisoires, voyageurs et savants ont œuvré à la découverte de la Terre, à l'élargissement sans précédent du monde connu et, pour finir, à la connaissance totale du globe. Les cartes marines invitent à retrouver ces épopées. Ces représentations visuelles ne sont-elles pas à l'intersection entre l'expérience des voyages, aléatoires et dangereux, autour du globe, et la pensée abstraite de la totalité de la Terre ?Parmi les genres les plus anciens de la cartographie, les cartes marines médiévales avec des lignes des vents, des contours précis des côtes et de nombreux noms de ports sont aussi nommées «cartes portulans», par référence au terme italien portolano, qui désigne un livre d’instructions nautiques. Ces cartes représentent l’espace vécu, celui des marins et des gens de mer. Elles sont fabriquées dans des ateliers situés dans des villes portuaires comme Gênes, Palma de Majorque ou Venise et rassemblent un savoir issu de l’expérience des marins.La présence de cartes portulans à bord des navires est attestée depuis la fin du VIIIe siècle. Ce sont des cartes partielles, des cartes régionales qui ne représentent pas l’ensemble du monde connu, mais seulement les portions de côtes qui intéressaient les navigateurs. Par exemple, la plus ancienne carte portulan conservée, la «Carte pisane», que l’on date par tradition de la même période, ne représente que la Méditerranée et la mer Noire, alors qu’à la même époque on connaît l’Europe du Nord, l’Asie centrale ou le pourtour de l’océan Indien notamment grâce aux récits de Marco Polo. Les cartes marines du Moyen Âge ne sont que très rarement des cartes du monde entier. Elles ont avant tout un but pratique qui se limite à des régions précises.Voir sur la toile :L'exposition virtuelle de la BnF - L'âge d'or des cartes marines