Les patrimoines de la traite négrière et de l'esclavage

Les patrimoines de la traite négrière et de l'esclavageIdentifier, étudier et valoriser les patrimoines liés à l'histoire de la traite négrière et de l'esclavage relève tout à la fois de la nécessité scientifique, du devoir de mémoire et de l'impératif moral.Certains lieux, certaines archives sont à l'évidence directement liés à cette période de notre histoire : c'est le cas, par exemple, du cimetière d'Anse Sainte-marguerite à la Guadeloupe, ou encore, des habitations coloniales des Antilles et des Mascareignes, à l'image de l'habitation de Villèle à la Réunion. Mais combien plus nombreux sont les objets ou les monuments qui peuvent être relus, revus, au prisme de cette histoire : les hôtels particuliers de Nantes, de Bordeaux ou de La Rochelle en témoignent : ils illustrent les évolutions du goût architectural et évoquent un mode de vie raffiné, mais leur richesse et leur faste ne sauraient être dissociés des conditions économiques qui ont rendu possible leur édification. Il en va de même pour les meubles en bois précieux, les objets de la vie quotidienne liés à la consommation du sucre, du café ou du chocolat, les décors peints ou sculptés des appartements.Dans le domaine des archives, un travail considérable d'identification des sources de cette histoire douloureuse a été accompli par le service interministériel des archives de France avec la publication d'un guide qui décrit l'ensemble des fonds - plusieurs d'entre eux étant par ailleurs numérisés. Un semblable travail de collecte des informations est en cours pour les collections des musées de France. Les archives de l'esclavage rendent aussi possible la mise en œuvre de travaux de généalogie qui jouent un rôle fondamental dans la reconstitution des identités collectives ou individuelles.Ce patrimoine est, par nature, international : il appelle des mises en relation des objets et monuments des anciennes colonies françaises, anglaises ou espagnoles, avec l'architecture et l'urbanisme des ports de toute la façade atlantique.Le patrimoine issu de la traite de l'esclavage, enfin, est aussi un patrimoine immatériel, vivant, en constante évolution, dont la valeur linguistique et la vitalité des musiques et des danses témoignent d'une identité désormais reconnue et valorisée à l'heure où la France dépose à l'UNESCO la candidature du Gwoka.Depuis 2010, la Direction générale des patrimoines, en relation avec Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, s'est engagée dans une opération pluriannuelle de recherche à caractère interdisciplinaire : colloques, recherches, stages de formation, soutien aux publications et à l'audiovisuel, inventaires du Patrimoine culturel immatériel.Voir : Les patrimoines de la traite négrière et de l'esclavage. In situ, revue des patrimoines n° 20, 2013.