Située sur l’un des caps de Beaulieu-sur-Mer, la Villa Kérylos, dont le nom désignerait une hirondelle des mers, est une véritable invitation au voyage.La "Villa grecque" Kérylos est la réalisation d’un rêve, celui de Théodore Reinach, archéologue fasciné par la civilisation grecque et le fruit d’une collaboration exemplaire avec son ami, l’architecte Emmanuel Pontremoli (membre de l’Académie des beaux-arts). D’une personnalité exceptionnelle, Théodore Reinach est à la fois archéologue, mathématicien, juriste, philologue, épigraphiste, historien, numismate, musicologue et homme politique. Né en 1860 dans une famille de riches banquiers allemands installée à Paris, il passe très jeune, un double doctorat en droit et en lettres. Il est avocat, mais se passionne pour l’archéologie et enseignera notamment l’histoire des religions et la numismatique. Sa grande passion, c’est la Grèce ancienne. Sa fortune lui permet de réaliser ses rêves.Aussi décide-t-il de se faire bâtir une habitation grecque : la célèbre villa Kérylos. Entre 1902 et 1908, le projet lui coûte 9 millions or de l’époque. Le cahier des charges de cette construction n'était pas ordinaire : il s'agissait de reconstituer, avec le plus d'exactitude possible une maison d'habitation grecque, tout en utilisant toutes les possibilités offertes par les progrès de la technique moderne.Conçue et réalisée entre 1902 et 1908, sur le modèle des maisons nobles de l’Île de Délos au IIe siècle av. J.-C., la villa Kérylos n’est pas une simple reproduction mais plutôt une réinvention de la Grèce antique. Il ne s’agissait pas pour les deux hommes de procéder à un pastiche mais de créer une œuvre originale en "pensant grec".Organisée autour du traditionnel péristyle, la Villa est constituée des matériaux les plus précieux : stucs à l’antique, marbres de Carrare ou de Sienne et bois exotiques pour le mobilier. La décoration est somptueuse : mosaïques et fresques directement inspirées de documents antiques, des scènes de vases à peintures célèbres tout au long des murs et illustrant les grandes légendes des dieux et des héros classiques.La villa Kérylos, léguée à l’Institut de France à la mort de son propriétaire, en 1928, est aujourd’hui devenue un musée. Entièrement meublée à l’Antique, tentures, peintures, meubles, vaisselles, robinetterie..., tout a été reconstitué d’après des modèles antiques visibles sur les céramiques figurées, avec un sens de l’adaptation très réussi, pour en faire une demeure habitable et confortable, en dissimulant notamment l’électricité, les canalisations d’eau courante et de chauffage central. Les plus grands noms des Arts décoratifs de l’époque ont contribué par leurs talents à faire de cette villa, un chef d’œuvre.Les peintures murales sont dues aux peintres Adrien Karbowsky et Gustave-Louis Jaulmes et les stucs à Paul-Jean-Baptiste Gasq. Les douze colonnes monolithes en marbre blanc de Carrare qui entourent le péristyle sont taillées par Nicoli. Les tentures de lin qui remplacent les portes sont brodées par le créateur Ecochard. La vaisselle de table est réalisée par Emile Lenoble et les meubles par l'ébéniste parisien Bettenfeld sur des dessins de Pontremoli.La villa, gérée par Culturespaces, est ouverte aux visites et utilisée pour des colloques, des séminaires et diverses animations culturelles.Voir aussi : le Conseil Général Alpes-Maritimes Archéologie, architecture et ébénisterie : les meubles de la villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer, Revue In Situ, 6, 2005