Viollet-le-Duc, une figure majeure du 19e siècle français

Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) fut comblé de tous les dons : dessinateur, architecte, écrivain, savant, il fut tout cela à la fois. Auteur d’une œuvre variée mais aussi gigantesque, il restaura les plus grands monuments du pays, se hissa à la tête des meilleurs archéologues de son temps, produisit une œuvre théorique dans laquelle se reconnut une descendance nombreuse. Il fut admiré, détesté, méprisé : on vit en lui le sauveteur et le destructeur de notre patrimoine médiéval, un dessinateur virtuose et talentueux ou, au contraire, d’une fécondité sans éclat, un grand savant certes, mais dont l’esprit d’observation aurait été entravé par l’esprit de système.Eugène Viollet-le-Duc est l'un des rares architectes du 19e siècle dont les travaux de restauration et l’œuvre font toujours référence pour les professionnels de l'architecture, malgré des polémiques. Son génie a marqué de son empreinte l’histoire du patrimoine et de l’architecture du Moyen Âge. Longtemps, les historiens se sont attachés à mettre en perspective sa science archéologique, sa doctrine en matière de restauration et son activité au service du patrimoine.En 1840, il est choisi, à l'âge de vingt six ans, par la Commission des Monuments historiques, sur la proposition de Mérimée, pour diriger la restauration de la Madeleine, à Vézelay, qui dure de 1840 à 1861. Durant les années suivantes, Mérimée lui fait confier toute une série de missions d'études à travers la France, notamment dans la Côte d'Or, l'Yonne, l'Aude, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne, ainsi que la direction de nombreux chantiers. Ce sont, entre autres, en Bourgogne, ceux des églises de Montréal, de Saint-Père sous Vézelay, d'Auxerre, de Semur, de la porte Saint-André, à Autun, et, dans le Midi, ceux de l'église de Simorre (Gers), de l'hôtel de ville de Saint-Antonin, etc.Il travaille, en outre, à la même époque, pour le compte de la ville de Narbonne, où il restaure l'église Saint-Just et aménage l'ancien Archevêché en hôtel de ville et en musée. Il exécute également la restauration de l'église de Neuvy-Saint-Sépulcre (1840-1850) et entreprend celle de l'église de Poissy.D'autres travaux encore plus importants ne tardent pas à lui être confiés : ce sont ceux de l'église abbatiale de Saint-Denis (en 1847, en remplacement de Debret, à la suite de l'écroulement de la flèche, mais les grands travaux de restauration ne reprendront guère qu'en 1859, après le rattachement de Saint-Denis au Service des Monuments historiques), des fortifications et de l'église Saint-Nazaire à Carcassonne (à partir de 1852), de la Salle synodale de Sens (1855-1865), du château de Coucy (1856-1864), du château de Pierrefonds (à partir de 1858), etc.Chargé dès 1845 d'une étude complète sur Saint-Sernin de Toulouse, il exécute la restauration de cette église, de 1861 à 1877, et, dans la même ville, dirige également celle du donjon du Capitole.Il restaure enfin les remparts d'Avignon de 1863 à 1867, l'église d'Eude 1864 à 1875, etc. A sa mort, en 1879, il était encore l'architecte de Saint-Denis, des monuments de Toulouse, des fortifications de Carcassonne, de l'église d'Eu et du château de Pierrefonds.Depuis 1860, il appartenait à la Commission des Monuments historiques, où il rapportait à chaque séance de nombreuses affaires et exerçait en fait, avec Emile Boeswiliwald, les fonctions d'inspecteur général.Il est également architecte diocésain pour les cathédrales de Reims et d'Amiens dès 1849. Enfin, en 1853, il devient inspecteur général des édifices diocésains. Il remporte avec Lassus le concours ouvert pour la restauration de Notre-Dame de Paris et à partir de 1845, tous deux entreprennent la réfection de la cathédrale, qu'il poursuit seul à la mort de Lassus (réfection de la flèche centrale).Voir aussi :Exposition Viollet-le-Duc, les visions d'un architecte, jeudi 20 novembre 2014 - lundi 09 mars 2015, Cité de l’architecture et du patrimoine.