Les phares du XIXe siècle

Monument ancien du paysage côtier :Les phares ont été créés dès l’Antiquité afin de signaler la présence de la côte et l’entrée des ports. Ils étaient alors utilisés par les Grecs et les Romains. Un des plus anciens étaient celui de l’île de Thasos, au Nord de la mer Égée. Après la chute de l’Empire romain d’occident, ils réapparaissent au Moyen-Âge dans les villes portuaires sous le nom de « tours à feu » ou de « farots » en Provence. Au XIVe, Édouard de Woodstock dit le Prince Noir fait construire une tour polygonale de de seize mètres à l’entrée de l’estuaire de la Gironde afin de servir de signalisation civile et militaire. Au XVIIe, seulement six phares à proprement parler balisent les côtes françaises, passant à quinze à la fin du XVIIIe.Outil de signalisation maritime :Au départ alimentés au bois puis à l’huile, les phares consomment énormément de carburant et ne sont alors pas allumés en permanence. Ce n’est qu’avec le développement de mèches spécifiques permettant le maintient d’une flamme régulière, associées à un système d’optique et le recours à un mécanisme d’horlogerie pour les faire tourner que les phares restent illuminés. La distance à laquelle est visible de faisceau du phare a évolué avec l’inclusion de miroirs dans le dispositif de la lanterne, puis de prismes. Au XIXe siècle, Fresnel, un physicien français, inventa une lentille qui permit de passer d’une visibilité d’une vingtaine de kilomètre à plus de trente. C’est durant ce siècle que les phares connaissent une large série d’expériences quant à leur combustible (pétrole, électricité, huile minérale…) qui va permettre d’établir un code lumineux indispensable à la navigation importante de l’époque. Chaque phare possède ainsi un signal propre afin qu’il puisse être identifié par les bateaux, les protégeant des hauts fonds et récifs traîtres.Des Enfers aux Paradis :Avec l’augmentation du nombre de phares et la complexification de leur fonctionnement, leur entretien se professionnalise. Apparaît le métier de gardien de phare, qui vit sur les lieux, lance le mécanisme de la lanterne, l’alimente, assure son maintien en état fonctionnel… Ces personnes commencent leur carrière sur les phares les plus difficiles d’accès : les « enfers ». Généralement isolés en haute mer, sur les routes commerciales, les conditions de vies sont dures physiquement et psychologiquement (isolement, quarts de veille pour surveiller le phare…). Ces lieux sont occupés par duos qui se relaient. Les gardiens passent ensuite aux « purgatoires », les phares présents sur des îles. Enfin, ils finissent leur carrière aux « paradis », dans les tours situées sur les côtes du continent.La qualité de monument historique :Avec l’électrification au XXe siècle puis l’automatisation des phares, les gardiens se sont progressivement retirés. Les derniers en exercice ont achevé leur quart en 2014, l’ensemble du réseau français de phares n’étant plus dépendant de l’homme pour leur fonctionnement quotidien. Reste un témoignage essentiel des prouesses architecturales du XIXe siècle qui se voit menacé par les assauts de la mer et le manque d’entretien.