La céramique sigillée

De l'artisanat à l'industrieCette appellation dérive du mot latin sigillum désignant les poinçons décoratifs ou inscrits qui contribuent au décor et à la signature de certains vases. Par extension, on désigne de ce nom des vases, décorés ou non, signés ou non, à pâte fine et engobe grésé (c'est à dire revêtus d'une mince pellicule d'argile plus fusible, vitrifiée à haute température, donnant un revêtement lisse, imperméable et brillant), suivant une technique héritée de la céramique attique du 5e siècle avant notre ère, puis de la céramique campanienne. À la différence de ces deux productions plus anciennes, la céramique sigillée est le plus souvent rouge-orangé , grâce à sa cuisson en atmosphère totalement oxydante dans des fours à tubulures où la charge à cuire est isolée des fumées du foyer. La céramique sigillée apparaît dans la 1ère moitié du Ier siècle avant notre ère, en Italie, à Pouzzoles et à Arezzo. Avec cette production façonnée en série par tournage / moulage (un moule décoré est posé sur le tour et le vase est tourné « de l'intérieur »), les potiers peuvent proposer, aux classes plus modestes, une alternative à la vaisselle métallique ornée en relief, très onéreuse. Au début de notre ère, des potiers italiens s’installent à Lyon pour être plus proches des légions romaines et des lieux de consommations. Les potiers gaulois du sud de la Gaule, la Graufesenque (à côté de Millau), Banassac (Aveyron), Montans (Tarn), peuvent ainsi acquérir cette technique et développer leurs productions à une échelle quasi-industrielle. Nous comptons ainsi 600 officines à la Graufesenque. Des récipents aux formes et aux motifs standardisés sont distribués dans tout l'empire romain, voire au delà. Ces ateliers périclitent au début du IIe siècle, subissant la concurrence des atéliers de Gaule centrale, pricipalement Lezoux, mais aussi Toulon-sur-allier, Vichy,… A leur tour, ceux-ci disparaissent au IVe siècle, après avoir subi le contre-coup de l’essor des ateliers de l'est de la Gaule. Parmi ces derniers, citons ceux de l’Argonne qui restent en activité jusqu’au VIe siècle et développent une production particulière, revêtus d'un engobe non grésé rouge ou orange et décorée à la molette.  D'autres productions régionales héritières de la céramique sigillée du Haut Empire, mais abandonnant elles aussi la technique de l'engobe grésé (« sigillée claire », « céramique luisante »), apparaissent dès le IIe siècle dans la vallée du Rhône et en Afrique romaine, et connaissent un grand développement durant l'Antiquité tardive, avec une diffusion dans la zone méditerranéenne..  La céramique sigillée, qui a fait l’objet d'études depuis le XIXe siècle, constitue un élément de datation particulièrement précis, parfois de l’ordre d’une vingtaine d’années. Elle est également un indicateur du commerce à longue distance pratiqué dans tout l’Empire romain et au delà. Au même titre que les autres productions céramiques, elle permet d’appréhender les techniques de production, l’organisation des ateliers, le rôle respectif des potiers et des marchands, et les règles régissant son utilisation dans les services de table.