AVANT-PREMIÈRE

Naguère, au théâtre, la première représentation était précédée de la « couturière », où l'on invitait gens du métier et amis proches tandis qu'on apportait les dernières retouches aux costumes, puis de la répétition « générale », où la presse allait décider du sort de la pièce, pour le meilleur ou pour le pire.
Pour contourner ces oukases redoutés, les producteurs ont inséré avant la fatidique « Générale de presse » une succession d' avant-premières, destinées à peaufiner le spectacle, à procéder aux ultimes raccords, voire à devancer la critique par la grâce d'une rumeur flatteuse. Elles sont parfois ouvertes aux journalistes, à la condition qu'ils écrivent non des critiques, mais des avant-papiers, chargés d'attiser la curiosité du public.
Le cinéma s'efforce aussi de segmenter publics et décideurs par des emboitements d' avant-premières. La « couturière » privée destinée aux professionnels s'y nomme projection corporative, et l'on rappellera, en ce temps de Festival de Cannes, que la première « corpo » fut organisée le 22 mars 1895 à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale : les frères Lumière y présentèrent à un aréopage de savants une invention qu'ils avaient brevetée un mois auparavant et qui devait connaître un certain succès.

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